Un groupe d’habitants de Chavaniac-Lafayette se réunit depuis plus de quatre ans pour recueillir les souvenirs de chacun sur l’histoire du village. L’objectif, grâce notamment à l’outil informatique, est de garder trace de tous les échanges, avec un site internet créé à cet effet, disponible pour ceux qui n’habitent plus la Commune et qui y ont des attaches.
Les principaux travaux de ce groupe, jusqu’à présent, ont été de légender les photos anciennes (date de la photo, nom des personnages, contexte…), de retracer l’histoire des commerces et de l’artisanat, de l’école, de La Poste.
Les mémoires recueillies sont celles directes des participants, mais aussi celles de leurs parents, de leurs grands-parents qu’ils ont retenues. Le groupe dessine petit à petit un « Arbre des mémoires » de la Commune et participe, pour cette raison, au Festival des Arts ForeZtiers 2016: l’exposition des photographies des paysages et des visages aura lieu dans la Salle des Aînés. Les artistes sont sollicités pour accompagner les images et les paysages d’antan, retrouvés et exposés pour cette occasion par le collectif.
La mémoire est une recréation de ce passé recomposé, cet arbre aux racines profondes, qui continue a donner des fruits au présent…
Le groupe « Mémoire » du village de Chavaniac s’est donné au printemps 2016 le double nom féminin d’ « Adrienne et Eugénie » : Adrienne était la femme de Général de La Fayette et Eugénie la dernière « béate» du bourg de Chavaniac-Lafayette.
Adrienne & Eugénie ont vécu par le passé et elles ont participé de la transmission de ses valeurs, par la créativité, le goût et le respect des autres. L’enseignement, l’éducation et la créativité sont un pont vers le savoir et participent des arts et de la vie.
Adrienne de Noailles épouse Lafayette, a secondé son mari pendant les trente-sept années de leur vie commune, au travers les dangers et les éblouissement des deux révolutions qu’ils ont traversées : la révolution américaine et la révolution française. Attentive à Chavaniac-Lafayette, elle y a séjourné longuement, particulièrement entre 1792 et 1794 ; sa fille la décrit se promenant près du ruisseau, au paysage « des douces montagnes », lisant à ses enfants des contes et des récits édifiants. Elle accompagna Lafayette dans ses expériences de culture et de transformation du chanvre et des vers à soie, afin de créer les conditions d’un travail semi-industriel : ces innovations devaient permettre aux femmes de ce pays d’accroitre leurs revenus et d’accéder à une autonomie professionnelle. Elle s’est également associée à l’oeuvre libertaire de son mari et lutte avec lui contre l’esclavage des Noirs (les époux achetèrent des plantations à Cayenne pour en émanciper les travailleurs) et contre la discrimination envers les juifs et les protestants.
Eugénie Durif fut au milieu du XIXe siècle la dernière béate du village de Chavaniac, une femme dont les qualités de coeur et d’esprit oeuvraient pour la transmission des savoirs (dentelles, écriture, calcul, morale..). Pour faciliter l’instruction des enfants, l’ordre des Demoiselles de l’Instruction avait été fondé en 1670 par la ponote Anne-Marie Martel : les béates de Haute-Loire formèrent une confrérie en exercice jusqu’à l’avènement de la IIIè République, où elles s’effacèrent progressivement ou furent intégrées parmi les institutrices républicaines. Ces « petites soeurs des campagnes » ont joué un grand rôle dans l’éducation populaire, célibataires implantées au sein des villages ruraux, tout à tour enseignantes , infirmières et conseillères laïques fortement imprégnées de foi chrétienne. Elles exerçaient leur art en accord de l’évêché du Puy, dans des maisons communes appelées « Assemblées ». Eugénie enseignait, aux enfants de Chavaniac vers 1830 dans sa maison personnelle, dans le bas du village.