Birgit Yew Von Keller

Grandir entre le port de Hambourg et les rives de la mer du Nord,
dans une famille de musiciens aux origines polonaise, danoise et
allemande : tous les éléments étaient réunis pour créer ma façon si
particulière de jouer avec les notes et les harmoniques.

Entre Sylt, Brahms et Bruckner, je baigne dans les ondes
Depuis mon plus jeune âge, en vacances sur l’île de Sylt, le lien qui m’unit à
la nature, « mon premier maître » – comme j’aime l’appeler –
m’accompagne à chaque pas et vient nourrir cet amour que j’ai d’abord
pour les belles envolées mélodieuses de Schubert, Brahms, Bruckner et
tant d’autres compositeurs classiques, puis pour la musique celte que je
ressentais, adolescente, comme étant la mienne et enfin pour la
résonance des sons vibratoires composés ou improvisés par moi-même ou en
collaborations avec d’autres artistes…j’aime avoir la sensation de «
baigner » dans les ondes du son, ressentir ses fréquences comme un
liquide qui me traverse.
De la flûte à bec à 5 ans à mon coup de
foudre pour le violoncelle à 10 ans, en passant par ma voix que je
découvre réellement à 7 ans en chantant inlassablement tous les rôles de
la Flûte Enchantée, je baigne dans un univers rythmé par mes disques
vinyles.

Arrivée en France : conservatoire, opéra et Roy Hart Theatre
Cours privés classiques de violoncelle pendant 10 ans, installation en
France, cours de danse et de poterie, une maîtrise en philosophies
spirituelles et une licence en allemand au passage, médailles en
violoncelle et musique de chambre du conservatoire de Montpellier,
violoncelliste à l’Opéra de Rouen, création du DVK Quintet avec lequel
je tourne en France. Tous ces événements se succèdent alors que je suis
professeur de violoncelle ; une expérience très enrichissante. Pour
développer le chant, je me forme auprès du Roy Hart Theatre en 1984: il s’agit d’une approche expérimentale, d’une recherche sur tous les sons possibles de la voix humaine.

Avec la voix, mon art est complet
Une fois cette approche intégrée, je ressens d’abord le besoin de l’adapter à mon
medium de prédilection : le violoncelle. Au début de ma carrière de
violoncelliste, l’idée d’y ajouter ma voix, ne me traversait pas
l’esprit, puisque je me sentais chanter à travers lui. Me consacrer,
enfin, à ma façon de vivre la musique, de la ressentir, faire des
recherches sonores et transmettre les émotions et des sensations
subtiles indicibles qui se déploient au fil des mélodies et harmonies
devient mon graal. En 1999, sur conseil d’amis j’ose y ajouter ma voix,
un exercice difficile ! Et mon art devient complet, voix et violoncelle
se répondant de manière inattendue. Concerts, performances,
co-créations, musique de film, toute une palette de façons de faire
parler les sons se développe.

Avec Kar Fung Wu, j’approfondie la dimension du bien-être par le son
Alors, lorsque le public me fait part d’un changement d’état physique et
psychique interne grâce aux sons et à ma présence pendant mes concerts,
je comprends que ce que je propose relève aussi du soin et du bien-être.
Pour développer cette branche de mon art où ma spécificité peut
s’exprimer pleinement, je commence une formation avec Maître et
Professeur Kar Fung Wu en 2009 : la graine pour mes ateliers sonores,
plantée en moi par mes ancêtres, peut enfin s’épanouir ! Ainsi, en
continuant le voyage de ma vie, mon art se personnalise, je prends de
plus en plus conscience de mon bagage unique que je suis heureuse de
partager avec le monde. Je pourrais dire avec R.M.Rilke : “Nous
naissons pour ainsi dire provisoirement quelque part et c’est peu à peu
que nous composons en nous le lieu de notre origine pour y renaître
chaque jour plus définitivement. »