Olga Kataeva-Rochford

Olga Kataeva-Rochford est une peintre russe née à Saint-Pétersbourg. Elle vit et travaille en France. Elle est passionnée par l’art depuis sa découverte du pouvoir expressif de la couleur au cours des étés passés avec sa grand-mère à Gatchina. Ses œuvres figurent dans des prix, des publications, des expositions et des collections en Russie, en Italie et en France. Elle compose principalement des œuvres inspirées par ses nombreux voyages

Olga Kataeva-Rochford est aussi enseignante du dessin et du croquis à l’École Nationale d’Architecture de Paris la Villette. Sa thèse (l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 2018) porte sur « Le statut de dessin dans l’œuvre de Sergueï Eisenstein : mise-en-scène, montage, intermédialité ».

Retrouvez ses œuvres sur http://kataeva-artist.e-monsite.com/.  

Noël marin.
Livre mécanique (retablo). Bois, carton, métal, acrylique, tempera. 33 x 18 x 9 cm.
Texte sur les volets (original en français).
Face extérieure : Une version abrégée de la traduction française de l’hymne de Noël anglais “J’ai vu trois navires”
J’ai vu trois bateaux sur la mer
C’était Noël, c’était Noël
Ils s’en allaient à Bethléem
C’était Noël, c’était Noël
Les cloches vont carillonner
C’était Noël, c’était Noël marin

Face intérieure :
Chanson française “Ohé les petits bateaux”.
Il s’agit du petit Jean taillant des bateaux en bois pour les offrir à son amie Marivonne. Les enfants grandissent et se préparent pour le mariage. Pour payer le futur ménage, Jean part avec des Terre-Neuvas pour pêcher la morue dans les eaux dangereuses de l’autre côté de l’océan. Marivonne pleure et demande aux vagues de prendre soin de son fiancé, mais la Mer, sa principale rivale, lui enlève pour toujours son bien-aimé.
Comme dans cette chanson, il y a aussi une tristesse latente dans la fête de Noël, dans ce pressentiment de la Mère du sort préparé pour son Fils.
Les volets du livre sont munis d’une serrure en forme de deux minuscules personnages, un marin et celle qui le voit partir. Quand les volets sont fermés sont fermés, ces figurines sont dans les bras l’une de l’autre. Quand les portes s’ouvrent, les personnages sont obligés de se quitter. La composition de la partie centrale du livre est inspirée par l’iconographie médiévale de Noël en Europe et en Russie. Le livre est dédié à mes parents français, les marins. L’un de leurs ancêtres était parmi les derniers Terre Neuvas, les pêcheurs qui pratiquaient la pêche saisonnière à la morue au large de la Terre-Neuve. La forme du livre en bois avec mécanismes est inspirée des souvenirs du cousin de ma grand-mère de l’époque de la fin des années 1930 – début des années 1940, lorsqu’ils vivaient dans une petite maison face à l’océan. Son père, un émigré russe, fabriquait des jouets en bois pour les offrir à ses enfants à Noël. Parmi ces jouets, il y avait un chien sur les roues, des meubles de poupées, et même des maisons et une église avec des fenêtres à travers lesquelles luisait la lumière des bougies.

Dans la forêt, dans la mer”
Bois, métal, papier maché. 27,9 x 21 cm
Un livre en bois inspiré par la structure d’un retable. L’image d’un tissu blanc comme la neige, tendue sur un tambour rond en bois, avec une aiguille noircissant dans ce tissu, comme une cicatrice, est apparue dans mon imaginaire spontanément, toute entière. Il m’est difficile d’expliquer pourquoi. Cette image s’est associée à celle d’une femme qui brode et pense en travaillant à quelqu’un qui est loin. Et un poème en russe est apparu :
Dans le champ, dans la mer
Dans la forêt, dans le pré,

Cours mon fil
Couse un chemin droit et lisse
Jusqu’à la maison

Pour mon ami
Couse bien deux vies,
La sienne et la mienne.

La planche avec laquelle j’ai travaillé a une belle texture contrastée. Il y avait deux taches sombres et distinctes dans les fibres du bois des arbres. L’une est devenue la fermeture du tambour. La seconde, plus grande, au revers de la planche, avait une silhouette nette d’une tête en demi-tour, avec une silhouette de l’oreille et du début du cou. C’est ainsi que l’image de deux personnages est apparue.

Un livre en bois inspiré par la structure d’un retable
“De pomme”
Bois, métal, papier maché, 30,5 x 18 cm.
J’ai travaillé sur ce livre en recherchant des images «cachées» dans la texture d’une vieille planche qui faisait partie d’une caisse en bois.
L’image d’une branche d’un pommier est apparue à partir de la silhouette d’une profonde fissure dans le bois. Cette image m’a fait penser aux étés passés chez mes grands-parents qui avaient un beau verger. Depuis toujours j’ai une attitude particulière envers le mois d’août, comme si ce mois-était mon ami et mon complice. Il m’apporte toujours une sensation de plénitude et le désir de créer quelque chose. Et il donne, de manière inattendue et pendant une courte période, un sentiment de ma propre éternité. Comme si ma vie faisait partie de certains grands cycles de vie, mais cette cyclicité d’existence et cette éternité sont bienveillantes. Ainsi ce court poème en russe est apparu :
Le ciel est plus profond
Les nuits sont plus longues
En mettant une pomme dans sa poche
Août a allumé la lumière dans la cuisine
A étalé le brouillard
Il a versé généreusement des étoiles dans le ciel
Pour des oiseaux
Bientôt le voyage
Le vent froid a chuchoté
Avec lui je reste