Archives mensuelles : mars 2020

Parlons de forestation urbaine et de reforestation périurbaine

Il est des livres qui comptent. “Made in India”, de Bénédicte Manier, en fait partie. Ce livre est à lire comme un récit de voyage d’une femme qui va à la rencontre de personnes qui entreprennent des choses bien pour la nature, les gens, les femmes et les forêts. Il faut le lire avec une carte de l’Inde sous les yeux et voyager avec les doigts. Quand j’ai lu ce livre, j’ai dit à mes garçons : “Nous irons en Inde, nous planterons des arbres !” J’ai dit cela à Bénédicte en sachant que nous avons décidé de partir en avril. Bénédicte s’est gentiment moquée de moi en me disant que planter des arbres au plus chaud de l’année est un non-sens. Nous sommes allés à la rencontre de personnes qui nous ont raconté leurs actions de forestation urbaine, à Delhi et à Bangalore, et de reforestation périurbaine, autour de Pondichéry. Nous avions commencé à faire leur connaissance en lisant “Made in India”.

A Delhi, Vimlendu Jha a fondé Sweccha. Vimlendu se définit comme un “entrepreneur social, écologiste et fou de design”. Il était jeune, étudiant, il se promenait sur les bords de la Yamuna, le fleuve qui passe contre Delhi, pleine de déchets. Il organise un grand nettoyage, il entreprend de planter des arbres nourriciers en ville.

En parallèle, Vimlendu organise des ateliers de recyclage. Il a aussi lancé une application Million Kitchen qui permet à des femmes de livrer des repas. La “ville comestible” peut devenir havre de résonance. De nouveaux espaces s’ouvrent alors pour un être-au-monde plus doux. Au moment où j’écris ces lignes il faut songer qu’à Delhi, quand on regarde la météo sur son téléphone portable, on y lit “very unhealthy air”. Ces nouveaux espaces urbains sont vitaux, des morceaux de forêts qui mitent la ville. Ces initiatives créent du souffle, de l’ombre, de quoi manger et imaginer des romances à l’ombre de pommiers. Je songe aussi aux bâoli, les puits  à niveaux, dont l’usage a été abandonné au fil du temps, après l’arrivée des Britanniques. Ils permettaient de récupérer les pluies des moussons. Le processus de dépossession de la maîtrise de l’eau est raconté par Rana Dasgupta dans Delhi Capitale. Nous avons été submergés de bonheur par la beauté des bâolis qui demeurent intacts. Pourquoi ils ne sont pas réutilisés, réinventés, c’est une énigme.

A Bengalore, Sundar Padmanabhan a été subjugué par la méthode Miyawaki. A ses débuts, il était cadre chez Toyota et c’est là qu’il a découvert la méthode Miyawaki . Il a quitté son travail et a fondé son entreprise de création de forêts urbaines primaires. Il s’est inspiré des techniques du japonais Akira Miyawaki qui permettent une croissance rapide des jeunes arbres. Les arbres font baisser la température sur la zone plantée de 5°. Dans une ville comme Bengalore, tout comme à Delhi, il fait souvent plus de 40° au plus chaud de l’année. Il faut songer à la force des arbres comme climatiseurs puissants ! Le secret, planter avec des espèces locales et parfois, ça demande de retrouver la mémoire géographique et ça demande de faire resurgir de la mémoire ! En France, on peut trouver de ces types de forêts, créées selon cette technique, à Paris notamment, https://www.reforestaction.com/blog/le-mois-de-la-foret-plante-une-foret-urbaine-miyawaki-avec-les-parisiens. A Bangalore, les policiers qui travaillent à côté de la forêt aiment s’y ressourcer. C’est là à l’ombre des arbres qu’ils installent des chaises où nous discutons avec Sundar sur les échanges entre les racines des arbres qu’augmente le réseau micellaire.

A Auroville, près de Pondichéry, Aviram Rozin a créé Sadhana Forest. Il y a quinze ans, là, où nous nous trouvons était un terrain sans arbre. C’est devenu une forêt. La forêt subtropicale sèche. Le secret de la reforestation a été la préparation du terrain. Il faut une terre meuble pour qu’une graine germe.

Aviram n’y connaissait rien au départ en reforestation, nous explique-t-il. Il s’est formé. Aujourd’hui, Sadhana Forest est une communauté qui accueille chaque année des volontaires. La forêt couvre 28 hectares et compte 28 000 arbres d’espèces autochtones dont plusieurs nourriciers. Faire revenir la forêt fait revenir l’eau et les paysans autour peuvent cultiver la terre à nouveau. Il fait très chaud dans le Tamil Nadu mais à l’ombre des arbres, la chaleur est parfaitement supportable.  Sadhana Forest dispense aussi des cours de permaculture en Haïti et au Kenya.

Tout en nous racontant cela, Aviram parle à un jeune arbre en lui disant qu’il serait bien qu’il pousse un tantinet plus harmonieusement et organise son espace pour que son énergie se répercute sur toutes ses branches. Il lui parle comme à un tout jeune enfant. Passant devant un autre arbre, il le salue. Il l’aime.

Nous sommes là en zone périurbaine en forêt. La forêt est ville en ce qu’elle est habitée d’une grande communauté. Chaque habitation est en hauteur par rapport au sol afin que les scorpions et les serpents laissent leurs habitants en paix. Pondichéry est à quinze minutes en scooter de là. Nous étions en pleine ville à Delhi et Bangalore. 

Les affiches du Festival arrivent avec le printemps

 Encore une fois, la situation de confinement que nous traversons, doit nous permettre une plus grande créativité… et peut être un peu de fantaisie et d’attention aux détails. Le printemps nous accompagne : observer par la fenêtre la nuit qui commence à montrer ses étoiles brillantes (la pollution francilienne décroît et fait concurrence au ciel limpide de l’Auvergne) est un spectacle nécessaire, de même que continuer à sourire et à réfléchir.
… Les Anciens disaient : dieu est dans les détails.. et c’est sans doute l’occasion de rééduquer notre regard  par l’attention que nous portons aux choses familières, familiales et vivantes. L’Art correspond à cette attention au monde qui se transforme.

Cet article va rassembler au fil de l’eau, les affiches que nous adressent les étudiants du DUT Multimédia de l’Université de Marne la vallée : ils continuent à préparer le Festival des Arts Foreztiers de 2020, confinés chez eux mais présents sur leurs ordinateurs. N’hésitez pas à faire des commentaires sur ce blog !

Après la première affiche de Julie SAINT-MARTIN et celle de Yasmine KOURICHI, incluses dans une précédente publication du blog des Arts Foreztiers,
Voici l’affiche de Minal LAD, très colorée et très gaie ! Un arbre au feuillage compact et cette étonnante couleur rose qui contraste avec le vert et le bleu … Serena LEANDRI imagine une verte frondaison de sapins altiligériens et autres arbres en silhouette, tandis que Minosoa ADRIANOMANANA fait chevaucher le programme sur les volcans, tandis que les fruits annoncent une belle récolte artistique ! Bravo les filles !

Ce jour, 27 mars, Robin RIVIÈRE nous envoie sa proposition d’affiche, axée sur les “bois noirs”, ces sapinières qui parsèment les paysages d’Auvergne. Avec une belle courbe qui contraste avec l’horizon des sapins dans la brume !

Ce jour, 7 avril, Thibault PAULARD nous envoie sa proposition d’affiche, qui rajoute au logo du lézard, le vol joyeux de deux perroquets, qui, se pourchassant, symbolisent la vie entre les arbres !

Graphiste Minal LAD-
Graphiste Serena LEANDRI
Graphiste Minosoa ADRIANOMANANA
Graphiste Robin Rivière

Graphiste Thibault PAULARD

Le festival des arts Foreztiers fête ses dix ans

Il y a dix ans, le village de Chavaniac-Lafayette et son Château accueillaient une manifestation naissante de douze artistes sur le thème des “Quatre vivants”, que l’on pouvait interpréter comme les quatre points cardinaux, les quatre éléments réunis autour de ce village mythique de Lafayette et de la Ferme Saint Éloi.

Dix ans… comment décrire ce qui s’est passé en dix ans ? De la première année en août 2010 où le Festival de création des Arts Foreztiersa débuté en la cour triangulaire du château de Chavaniac et le joli square de l’alliance Lafayette-Washington (rebaptisé par l’artiste Lolly David, square de la Liberté) sur le thème Les Quatre Vivants,

Douze artistes en 2010, quarante en 2016, cinquante créateurs en 2018… et en 2020 ?

Un nouveau thème : FORÊT NOURRICIÈRE qui va exprimer la diversité des expériences créatrices sur l’ensemble du village du 17 au 20 juillet 2020…


Depuis 2010, la manifestation a crû régulièrement en qualité, en nombre et en notoriété. Nous avons présenté en 2018 les œuvres et les créations de quelque 50 artistes, hommes et femmes, jeunes et expérimentés, dont l’originalité esthétique a été remarquée à l’échelon régional mais aussi national (le mensuel de référence Artension signalait le Festival parmi les 19 meilleurs Festivals de plein air de l’été 2018) et international depuis 2013 avec une première expression d’artistes chinois en Haute Loire. Cette croissance internationale sur un site de montagne est toute à fait exceptionnelle, liée à l’esprit d’ouverture de la manifestation: venus de Shanghai, de Taiwan, de Noailles (Haïti), d’Australie et de Russie, ces artistes contribuent à faire connaitre le village et ses paysages alentours, du Puy en Velay à Brioude et la Chaise Dieu. Du côté français, les artistes se sont déplacés d’Angers, de Saint Étienne, de Lyon et d’Ile de France à notre appel. Enfin, la région regorge de créateurs de qualité à Chanteuges, Connangles, Blassac, Brioude, Pébrac, Pinols, Saint Ilpize, Vals le Chastel, Saint Didier sur Doulon… Ces créateurs forment le noyau fidèle des artistes foreztiers qui reviennent régulièrement créer ensemble lors du Festival.

Un des principes du Festival est que, dans la mesure du possible, les artistes soient actifs, partenaires des équipes vertes qui les aident à installer les œuvres sur l’ensemble du village lors des jours qui précèdent le Festival. Certains artistes, venus de loin, sont en résidence sur la ferme Saint Éloi pendant plusieurs jours – parfois plus d’une semaine – en fonction de leur éloignement et aussi de leur volonté de s’imprégner des lieux inspirants de cette Auvergne sylvestre. Lors de la manifestation qui dure trois journées pleines, les créateurs (peintres, photographes, sculpteurs, céramistes, performers en danse et en musique) présentent eux-mêmes leurs œuvres au public, afin de le faire participer à ce rassemblement d’artistes. Depuis sept ans, un tableau collectif est réalisé par les passants et les artistes réunis et, depuis cinq ans, le centre de loisir de Paulhaguet participe, par une journée d’exposition des travaux des enfants sur le thème de l’année.

Depuis 2018, les étudiants du DUT Multimédia de l’Université de Marne la vallée participent de la création de l’affiche des Arts ForeZtiers ( accompagnement par Sylvie Dallet ). Cette année encore les promotion des premières années de l’IUT de Champs sur Marne s’engagent sur le chemin sylvestre d’une affiche originale !

Graphiste Julie Saint Martin
graphiste Yasmine Kourichi

Nous avons décidé de montrer quelques affiches qui émergent, afin de ne pas réserver à la seule équipe des Arts ForeZtiers le plaisir de choisir entre quelque 50 propositions..
Julie Saint Martin nous adresse sa première version de l’affiche, une canopée stylisée qui s’élance vers le ciel…. et Yasmine Kourichi une autre suggestion, un bol forestier et sa longue cuiller sur table de bois…