Après un séjour au Moulin Richard de bas du pays des « feuilles blanches » d’Ambert dans le Puy de Dôme, quatre artistes ForeZtiers (Cécile Auréjac, Sylvie Dallet, Eddy Saint-Martin, Franck Watel) participent d’une résidence de création collective au château de Saint-Ilpize du 7 au 13 août.
Cette résidence de création, proposée par Diane Cazelles sur un site historique de Haute-Loire, rassemble dix créateurs internationaux composites et inspirés, peintres, photographes, musiciens, vidéastes, performers (Désiré Amani, Cécile Auréjac, Diane Cazelles, Sylvie Dallet, Pascal Miollis, Jules Niamien, Gaëlle Redon, Eddy Saint Martin, Franck Watel…) sur le thème de la Bête du Gévaudan.
Cette bête mythique, loup gigantesque, chien de guerre ou hyène dressée par un sadique, aurait ravagé l’Auvergne durant plusieurs années du XVIIe siècle, de 1764 à 1767, semant la terreur dans les campagnes, du Gévaudan à Langeac. Sortie de la forêt, la Bête comme on la nommait avec crainte, n’a depuis trois siècles, jamais livré son mystère, inspirant aux historiens comme aux romanciers de multiples ouvrages, alimentant les plus folles rumeurs.
Quels sont les enjeux de cette une installation nouvelle, cette interprétation créative destinée à rencontrer le public le 13 août 2017 en la chapelle de ST-Ilpize ?
Quelques notes jetées sans ordre apparent peuvent donner l’image la plus exacte des événements.
Partons de ces traces singulières :
Saint Ilpize est un village médiéval historiquement juché sur un piton rocheux qui surplombe l’Allier. Son nom vient de l’ermite Ilpide qui séjournait au IVe siècle dans les gorges de l’Allier, la rivière à saumons. Selon la légende chrétienne, le vieil Ilpize/Ilpide aurait préservé et porté la tête de Julien, un soldat romain martyrisé pour sa foi à Brioude. La mythologie française relève que les récits de têtes portées révèlent en creux, le passage de l’eau et la transmission des savoirs. Sources vives et sources d’Histoire…
Diane Cazelles, plasticienne, journaliste et scénariste d’intérieur, initiatrice et productrice de cette 4ème résidence de création à ST Ilpize, réunit une dizaine de créateurs afin de questionner l’histoire fantasmée de la Bête. Son contact est : diane.cazelles@gmail.com.
Le collectif des artistes va présenter le 13 août en la chapelle castrale de Saint Ilpize, le fruit de de leur travail en commun, un travail qui sera, lors du mois de septembre (uniquement en week- end) présenté dans la Chapelle de la Visitation de Brioude.
Qui est la Bête aujourd’hui ? Est ce l’Autre qui nous fait peur ? Est ce la bête en nous qui nous fait craindre de l’autre les pires méfaits ? Comment se déguise t’elle aujourd’hui ? A la fin de l’époque moderne, la Bête a violenté des enfants comme naguère, à la fin de l’Antiquité, les Romains ont décapité les croyants Julien et Privat. Une moderne mise en scène de l’Histoire pour signifier une persécution d’innocents et préparer des changements politiques par la terreur ? L’ancienne notion de la « bête immonde » surgit déjà dans l’Ancien testament, comme une incarnation du Mal.
La Bête tuée d’une balle d’argent en 1767, avait reculé, aux abords des pacages forestiers, devant la résistance des enfants bergers qui, réunis en collectif, avaient réussi à tenir sa férocité à distance. Comme des enfants, les artistes regardent le monde avec le front têtu de leurs rêves. Ils voient l’indicible et le traduisent en images et en sons.
Au XXe siècle, le romancier auvergnat Henri Pourrat ( Histoire fidèle de la Bête du Gévaudan, 1946, illustré bois gravés de Philippe Kaeppelin) et d’autres historiens romanciers ont tenté de percer ce mystère jusqu’à ce Pacte des loups (2001), dont le cinéaste Christophe Ganz a développé la mythologie pour la plus grande curiosité de quelque 6 millions de spectateurs… Laissons l’imagination vagabonder avec le sage Ilpize vers la source des croyances anciennes et apprivoisons la bête pour mieux soigner nos peurs contemporaines…
Sylvie Dallet