Archives mensuelles : mars 2018

Le printemps arrive !

Quelques mots délicieux sur le printemps qui arrive …

Le poète allemand Friedrich SCHILLER écrit  au XIXème siècle, cette phrase prophétique :

« La fantaisie est un éternel printemps »

Qui annonce ce poème contemporain du Français Jean-Claude BRINETTE :

La noce des oiseaux

« Les arbres se sont habillés de couleurs pastels,
Jonquilles, crocus ont bravé la fraîcheur du temps,
Que déjà, les oiseaux publient leurs noces dans le ciel.
Neiges et froidures sont parties : «  vive le Printemps ! « 

Immense symphonie, où des millions de fleurs,
Se mélangent en un jour, aux bourgeons de velours
D’un coup de baguette magique : le ciel sort ses couleurs
Pour éblouir nos yeux, il devient troubadour.

Dans un ballet de cabrioles fantastiques
Les oiseaux dansent, s’accouplent et préparent leur nid,
Guidés par une force invisible et mystique,
Leur chant monte en hommage : au Maître de Symphonie.

Les oiseaux se sont embrassés sur les branches,
Et des angelots coquins ont ajusté leurs flèches…
Étrange ! tout ce que le Printemps en un jour change !

Les arbres se sont habillés de couleurs pastels,
Tandis que sous leurs branches les amoureux de mèche,
Se content fleurette quand roucoulent les tourterelles. »

 

Cette phrase et ce poème peuvent être agréablement complétés par ce 13 eme délice, exprimé par l’essayiste chinois  JIN Shengtan, écrivain du XVIIème siècle (traduit par Simon Leys dans un hommage au linguiste Etiemble) qui s’exclame avec humour  :

 » Il a fait mauvais temps pendant tout un mois, sans discontinuer. J’en suis tellement déprimé que ce matin, je n’ai plus le coeur de me lever. Tout à coup, j’entends une multitude d’oiseaux dont les appels annoncent une journée radieuse. Je m’empresse de soulever le store et repousser le volets et que vois je ? Le soleil resplendit, la forêt verdoie, lavée de frais. Ah, quel délice ! »

Que dire de plus ?   Pourquoi bouder notre plaisir ? Vive le printemps !

 Sylvie DALLET : « Le printemps arrive !« , peinture mixte (acrylique & pastel) sur papier Lamali Laurier (75 cm x 48 cm, mars 2018)

Regards animaux par Isabelle Lambert

Isabelle Lambert, enseignante d’arts plastiques dans la Loire et peintre de talent, nous adresse  quelques images fortes de grands mammifères, qui formeront, par leurs regards singuliers,  une installation originale lors du Festival des Arts Foreztiers 2018.

Chimpanzé, panthère, loup, ours… Des œuvres peintes contemplent la femme qui les peint. Nous avons demandé à Georges Chapouthier, biologiste et philosophe,  spécialiste  de la relation animale (cf : Kant et le chimpanzé, éditions Belin, 2009) de réagir sur ces peintures étonnantes. Voici ses Réflexions sur les peintures d’Isabelle Lambert, envoyé quelques heures après avoir reçu les images :

« Point n’est besoin de souligner l’extrême ambiguïté qui a, depuis toujours, guidé les rapports de l’espèce humaine et des autres espèces animales, qui partagent avec elle la planète bleue. Des rapports faits de sympathie et d’hostilité, d’amour et de haine, d’affection et de cruauté, de tendresse et de violence, de vie et de mort. Les progrès de la science ont permis de souligner, de nos jours, l’étonnante proximité des animaux à sang chaud et des êtres humains. D’où la reconnaissance – récente – des aptitudes, voire des droits de nos proches cousins.

Mais au-delà de la vérité objective de la science, quelle meilleure approche que le vécu existentiel de relation homme-animal ? Et pour ce faire, quoi de mieux que l’approche d’une artiste comme Isabelle Lambert, qui va rechercher la relation existentielle dans ce qu’elle offre de plus profond : le regard, avec tout ce qu’il apporte de communication et de témoignage sur la vie intérieure de celui dans lequel on sait plonger ses yeux.

Tous les parfums de la jungle et toutes les ruses du primate se retrouvent dans le regard ironique du chimpanzé. La saveur sauvage de la proie et la rousseur des tropiques se reflètent dans les yeux méfiants et le regard froid de la panthère. Le loup communique à la fois l’appel des steppes et une socialité si proche de la nôtre. Le regard implorant de l’ours plaide pour le goût de miel des fleurs de la montagne et contre l’extinction des espèces par les caprices de l’être humain…

Parce qu’elle plonge dans le regard brut de l’animal, notre frère, Isabelle Lambert sait nous plonger dans l’infini des difficultés et des joies  de la vie qu’il contient.

Et à partir de ce petit morceau d’échange sensoriel et d’émotion artistique, elle nous fait basculer dans le mystère même de l’être.

Georges Chapouthier

Sculpter les photographies

En  juillet 2016, Albert David, professeur des universités et photographe de coeur, exposait pour la première fois au Festival des Arts ForeZtiers. Ses cadrages poétiques, aux arbres baroques et graciles furent remarqués par le service culturel de la mairie de Brioude qui souhaita les présenter à la Maison de Mandrin en septembre 2017. Cette jolie maison aux arcs gothiques,  bâtie au Moyen-Âge par un chanoine du chapitre de la basilique, visitée par le célèbre contrebandier Mandrin en 1754, est ouverte aux amateurs d’art . De nombreuses expositions de peintures, sculptures, photographies se succèdent toutes les trois semaines.

Lors de cette nouvelle exposition, Albert se fit accompagner par Aurélie, sculptrice de pierre tendre, venue de Montreuil pour cette occasion. Céline Mounier, présente également lors du Festival ForeZtier  où elle avait posé pour la performance de Philippe Tallis, « La Forêt nue », écrivit alors cette « animation d’une danse à la maison de Mandrin » qui fait suite.  Cette variation révèle sa saveur, avec et au delà des photographies et des sculptures.

« Albert expose des photographies et Aurélie des sculptures. Leurs oeuvres vivent leur vie ensemble. Voyez plutôt :

La Petite fille ouvre le bal. Enfin, on la regarde et on la respecte pour sa présence à elle, En attendant Pina. Les Fragments heureux pour une danse, ils se trouvent entre Le chemin, celui de la liberté, et Figures imposées. La vie est ainsi faite, les instants de félicité se rencontrent cheminant. La contrainte va offrir de ces instants.

Le cheval salvadorien est non loin du chemin. Il apporte du calme à la danse. Il se laisse caresser. Il est doux. Il est face à la Nature urbaine en rébellion. La ville crée sa propre nature en même temps que la nature est en ville, domestiquée. Parfois, elle redevient mi-sauvage, mi-fantastique. Le chat volcanique veut grimper sur La partition des arbres et pour le moment, il écoute la mélopée urbaine. Le chat est de lave.

Se tient loin de lui le guerrier de paix, Ne te presse pas de me laisser… Là où tu demeureras, je demeurerai. C’est la Paix qui le demande. Il est là, côtoyant Dans les limbes et faisant face à Migrations. Dans Migrations, des statues s’en vont. Elles en imposent de départ. Le Guerrier de la paix les regardent les belles, si majestueuses.

La lumière est tamisée, on parle à bas mots, on se chuchote à l’oreille là où les Conversations servent l’initiation. L’initiation est subjuguée par Conversations. Il y a de quoi vu comme va le monde qui a tendance à se vriller en plusieurs lieux. De loin, Le métayer observe la scène. Il est à l’écart et il y tient.

Bello se sent bien à côté de l‘Eden amoureux tandis que Raoul craint les Transformers qui éclatent de leurs feux de couleurs et de ciels bleus. Nos caresses lui font du bien. Il est très doux. Ses fesses s’offrent aux caresses. Au milieu de la scène, Le Bélier. Il est fier au milieu et personne ne réussit à lui faire peur. Il y en a qui ont essayé. Quand soudainement,

En plein coeur de l‘Aventure politique, L’enchanteur chante les louanges d’une danse. C’est que Pina est arrivée avec sa troupe. On imagine la danse sur la place devant la Maison de Mandrin. À moins que le regard n’aille vers Le village fantôme.