« Ici, on colle des noms très étranges aux vaches. Pas seulement aux animaux, d’ailleurs, aux personnes aussi. Si toutefois on nous considère comme des personnes. Le sommes-nous ? Pourquoi a-t-on incendié nos chaumières ? On nous traite comme du détail. Je sais que nous ne sommes pas normaux, mais nous avons le droit de vivre, n’est-ce pas ? Non, Danaé, je ne veux pas vivre ainsi. Je n’aimerais pas quitter le lieu où je suis née. Pas si l’on m’y force. Non, pas de force. Si je le fais, ça devrait être par une décision personnelle. Avant que cette région ne soit peuplée, nous formions une famille heureuse. Mes amis étaient la ceiba, le lamentin, le palmier royal, l’agouti congolais, les oiseaux, l’hirondelle, la fermina, le colibri, les papillons, les chichereku, la brousse dans sa totalité. La forêt, en résumé. Aïe, elle se réveille, cette douleur si forte dans la poitrine, qui me donne des crampes, qui m’aveugle que je ne comprends pas… »
Thème « Des mondes qu’il faut réparer »