De l’arbre à la sculpture
La nature est sans doute le plus grand sculpteur, j’ai donc choisi de me laisser aller aux suggestions de la matière. Je pars des processus créatifs présents en elle, pour réinventer des formes qui me sont propres et ceci, en accentuant et en mettant à nu les tensions de la matière.
Pour expliciter mon travail, je souhaiterais préciser que je me présente comme un sculpteur de bois et non pas comme un sculpteur sur bois. En effet la dénomination sculpture sur bois contient l’idée que le bois ne serait qu’un matériau, un simple support, alors que pour moi le morceau de bois est l’objet même, la matrice de la sculpture
C’est seulement lorsque je travaille en respectant son caractère et ses structures organiques que le morceau de bois intervient dans l’élaboration et la mise en forme du projet mais, dans le même temps la main du sculpteur impose sa volonté créatrice à la matière pour lui donner un sens, ce qu’exprime Jean Dubuffet lorsqu’il affirme « l’art doit naître du matériau et de l’outil ».
La création étant pour moi liée à la vie organique du matériau employé, je privilégie la matière, tout est exprimé par la seule charge évocatrice des formes, par leur mouvement, leur continuité ou leur fragmentation, leur texture et leur couleur.
Cependant la transformation que j’opère ne doit pas occulter la relation intime existante entre le morceau de bois et l’objet sculpté.
C’est cette relation que je souhaite mettre à jour en laissant chacun regarder, prendre en soi et avoir pleine liberté d’interpréter.
Sous le regard du public, l’œuvre n’appartient plus à l’artiste. S’il consent à l’exposer, c’est qu’il est prêt à l’offrir en pâture visuelle et à céder son monopole d’interprétation.
C’est donc l’œuvre qui – de manière autonome, sans intermédiaire doit s’adresser au public. Je veux laisser parler le bois; à vous de l’écouter.