« The Hazards of Love », The Decemberists : le rock merveilleux

Aude Crozet est doctorante en archéologie de la forêt. Sa thèse a pour but l’étude des relations entre les connaissances archéologiques et forestières dans les forêts de Chambord, Boulogne, Russy et Blois à partir de données archéologiques, textuelles et sylvicoles. Dans les péripéties de ses recherches et dans la joie de ses découvertes musicales dans le texte qui suit, Aude nous guide pour écouter The Hasards of Love. Chaque paragraphe correspond à un morceau. Bonne lecture et bonne écoute !

« La musique a un puissant pouvoir évocateur. Le rock et la pop ne dérogent pas à la règle.

The Decemberists, groupe de rock de Portland, Oregon, a sorti en 2009 The Hazard of Love, un « opéra rock » dont l’histoire  se déroule aux abords d’une forêt boréale. J’ai été touchée par la façon dont sont utilisés des instruments contemporains pour donner corps à un conte aux accents merveilleux, comportant de nombreuses références littéraires. En entendant Sylvie Dallet parler de la place de la forêt dans la littérature au Groupe d’histoire des forêts françaises (GHFF), et puis du festival des Arts ForeZtiers, j’ai pensé à cet album qui mêle heureusement la forêt, la littérature et la métamorphose. Je souhaite partager ici mes réflexions en amatrice de musique, ancienne étudiante en lettres, et doctorante en archéologie de la forêt.

Une jeune fille, Margaret, à cheval dans la taïga, tombe nez à nez avec un faon blanc blessé. Alors qu’elle le soigne, ce dernier se métamorphose en jeune homme, William. Les deux jeunes gens tombent amoureux (The Hazards of Love). Le morceau est fondé sur un arpège de guitare étoffé progressivement par d’autres instruments : des accords de basse, une rythmique soutenue, une nappe de clavier annonciatrice des « hazards » c’est-à-dire les péripéties, les périls promis à cette histoire d’amour naissante. https://www.youtube.com/watch?v=Fp_MVc3abXU

Margaret doit retourner chez son père. Elle découvre qu’elle est enceinte et est chassée de chez elle. Elle part à la recherche de son amour dans la taïga. Naïve et pure, elle espère que la forêt sera un havre de paix. Dans sa chanson (Won’t want for love), elle supplie la forêt que les feuilles s’étalent sur le chemin pour apaiser ses pieds nus, que les branches forment un berceau pour qu’elle s’y repose. La voix aiguë de Margaret s’oppose au rythme binaire de la batterie et à la basse très forte, évoquant la progression difficile de la jeune fille dans un environnement hostile, souligné à la fin de la chanson, par des riffs de guitare rappelant des sirènes.  https://www.youtube.com/watch?v=881qFziuGG8

Mais on apprend que la forêt est une puissante reine, qui avait recueilli et protégé le jeune homme en lui donnant l’apparence d’un faon. Et la reine refuse que son fils lui échappe pour une histoire d’amour avec une humaine. Le jeune homme demande à sa mère de lui laisser encore une nuit avec sa bien-aimée, et il reviendra vers elle. Dans le morceau The Wanting comes in waves/Repaid, la phrase de clavecin qui accompagne le couplet souligne le sentiment de fatalité vécu par William, contrebalancé par un refrain plus énergique où les chœurs féminins (qui rappellent la voix de Margaret) montrent que le jeune homme est mu par son amour pour la jeune fille. Cette chanson « à tiroir » comporte une mélodie différente réservée à la reine, où dominent des riffs de guitare électrique saturés associés une ligne de basse évoquant sa colère. https://www.youtube.com/watch?v=WfKhydixkeA

Fééries sylvestres (techniques mixtes Sylvie Dallet 2016

La reine trahit sa parole et s’allie à un homme infanticide, Rake, qui enlève Margaret et l’emmène de l’autre côté d’une rivière déchaînée. William offre de se sacrifier à la rivière pour sauver Margaret (Annan Water). La nappe de guitare qui couvre légèrement la voix de William dans Annan Water rappelle le courant bruyant et incessant des rapides d’une rivière. https://www.youtube.com/watch?v=WfKhydixkeA

Tristan & Iseult en la forêt (manuscrit du XVème siècle, BNF)

Il parvient à sauver Margaret. Pour rester à jamais réunis, et échapper aux périls de l’amour, les deux amoureux décident de se marier en se noyant dans la rivière Annan (The Drowned). https://www.youtube.com/watch?v=bRLSaBZV1Eo

Les harmonies légères et aigües (accordéon, guitare sèche) sont attribuées à l’amour des deux jeunes gens et des sonorités plus graves et sourdes (guitare électrique, basse, batterie) sont employées pour les « méchants » de l’histoire, un peu comme dans Pierre et le Loup (Prokofiev, 1936), où chaque personnage a son instrument. La musique n’est pas seulement la mise en forme des paroles, elle renforce et illustre le texte. Elle évoque aussi la force des éléments.

A mon sens, deux métamorphoses ont lieu dans cet opéra rock. Le faon blessé, de couleur blanche, symbole de merveilleux dans les contes (Chrétien de Troyes par exemple), s’est transformé deux fois : tout d’abord pour trouver refuge dans la nature, une deuxième fois pour rencontrer l’amour de sa vie. La deuxième métamorphose est celle de Margaret, qui porte le fruit de leur amour.

Ce conte musical fait de nombreux clins d’œil à de grandes œuvres littéraires. Cette histoire d’amour impossible rappelle celle de Roméo et Juliette, qui se rejoignent dans la mort. Merveilleux, chevaleresques ou courtois (Lancelot ou le Chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes, 12e s.) : la forêt où Blanche-Neige se cache, où le Petit Chaperon Rouge se promène, est à la fois accueillante et dangereuse. Mythologique : la rivière Annan est un équivalent du Styx, que l’on passe pour aller dans le royaume des morts ; l’enlèvement est un topos de la mythologie (Europe enlevée par Zeus, de Perséphone par Hadès, d’Hélène par Pâris…

La mutation est un thème sous-jacent tout au long de ce conte musical. La nature est tantôt la bonne fée qui offre un asile à l’amour des deux jeunes gens, tantôt la sorcière maléfique usant de stratagèmes pour les détruire. Elle peut être tantôt un obstacle infranchissable, tantôt un refuge -temporaire ou éternel (la rivière). Une morale écologique contemporaine pourrait y voir l’amoralité de la nature, c’est-à-dire l’absence de la notion de bien ou de mal dans les phénomènes naturels, et leur toute-puissance comparée à l’histoire des hommes. »

Et… « Elle supplie la forêt que les feuilles s’étalent sur le chemin pour apaiser ses pieds nus, que les branches forment un berceau pour qu’elle s’y repose ». 

 

Les nouvelles arches de Noé

Sur le thème de la Botanique céleste au festival des Arts foreZtiers il y a deux ans, Albert David exposait une grande fresque photographique. Quelques mois plus tard, à la maison de Mandrin, avec Aurélie des Pierres, sculptrice, ses photographies organisés en douze thèmes engageaient la conversation avec des animaux et des idées de pierre. J’avais alors écrit ce billet. Il y a deux ans, au festival des Arts foreZtiers toujours, nous découvrions la musique des plantes et comment la capter. De cette découverte, l’idée d’une performance prend forme, associant musique des plantes et fresques photographiques. Albert photographie et compose. Cela faisait un bout de temps que nous nous disions qu’il y avait matière à osmose.

Ce sont les plantes et leur musique qui en ont donné le la. Nous en discutons, je dis à Albert que je chanterais bien aussi. Le phénomène de la nature urbaine totale devient un fil d’ariane. La performance Les nouvelles arches de Noé naît de nos discussions, de nos sorties et découvertes et de l’agencement des photos en fresques. Les paroles ne sont pas encore écrites à l’heure où j’écris ces lignes mais des idées se posent et des mélodies s’imposent, une chanson éclate, celle que Lucie Taffin a écrite et composée et qu’elle chante : Noé. Lucie, je l’ai rencontrée grâce aux Voisins du dessus, groupe dans lequel je chante. Depuis, j’aime à la suivre dans les caves parisiennes. Parisiens et gens de passage à Paris, découvrez-la ! Et voici maintenant sous forme d’une conversation l’histoire des nouvelles arches de Noé. 

Céline Mounier : Il y a deux ans, tu exposais une grande fresque photographique. Depuis, ta photothèque s’est enrichie de moultes nouveaux clichés. Au départ, tu l’as expliqué, est le geste.

Albert David : J’ai expliqué cela à la maison de Mandrin en ces termes : “D’abord, il y a le geste du bras, celui qui intuitivement donne une trajectoire à l’appareil. Ou bien c’est le train dans lequel je voyage, ou la voiture, ou encore le vélo, qui donne le mouvement. Il y aura, plus tard, des recadrages, mais pas de traitement de l’image : tout est fait à la prise de vue, avec un simple smartphone. Cette magie de l’impression du mouvement, je l’ai mise en scène dans trois univers : la forêt, la ville et la route, trois hauts lieux de nos vies.”

CM : De ces hauts lieux au bestiaire enchanté, quel est le cheminement ?

AD : Il y a un faisceau de chemins. Dans la ville, il y a des drôles d’animaux qui apparaissent. Je vois ici un rêne batifoleur, là une assemblée de singes, par là-bas deux chimères et de ce côté-ci, des formes canines furtives. Des animaux se sont révélés, un peu comme, dans la forêt nue de Philippe Tallis, des femmes sont révélées sur la toile, le geste révèle des animaux. La fresque Les animalités furtives se compose. Ces animalités sont nées de mes safaris photo urbains.

CM : Tu as composé une musique qui s’appelle Petite mélopée urbaine, je trouve qu’elle va bien avec cette fresque ! Pourrais-tu me parler de tes inspirations musicales, de celles qui comptent sur le thème du bestiaire ?

AD : Premièrement, il y a eu la musique des plantes. Il y a deux ans, je n’ai pas résisté à l’envie d’acheter l’appareil qui permet de la capter et je me suis aperçu qu’on pouvait aussi bien capter le son que nous émettons, nous, les humains animaux. Je compose de la musique et j’aime jouer des sons. Des sons sont captés, leur sont associés des instruments, je les combine entre eux, écoutons par exemple Le framboisier et le laurier, et puis, j’ai enrichi la symphonie de la nature de mes improvisations dessus.

CM : Tes doigts, les plantes et les animaux que nous sommes ont l’air de bien s’entendre…

AD : Nous nous entendons plutôt bien, oui c’est une découverte d’un chemin pour Les nouvelles arches de Noé ! Deuxièmement, il y a un peu plus d’un an, nous découvrions une exposition intitulée Le grand orchestre des animaux, de Bernie Krause, musicien et acousticien qui a introduit le terme de biophonie. C’était à la Fondation Cartier. L’Amazonie a sa symphonie, la Sibérie la sienne, nous donne-t’il à écouter. Il a enregistré des sons de la nature, parfois aux mêmes endroits à une ou deux décennies d’écart, et il est terrifiant de constater que l’intensité sonore diminue. Troisièmement, il y a dans ce que je compose un héritage de la pop expérimentale, écoutons Jon Hassel, et un goût pour des expérimentations sonores. Petite mélopée urbaine est un morceau que j’ai composé il y a déjà quelque temps.

CM : Je souhaite revenir sur tes safaris comme tu dis. Le 8 mai, je me souviens bien de la date parce que mon grand était en pleines épreuves écrites de concours ce jour-là, je t’ai accompagné dans un de tes safaris. C’était au Parc Floral de Vincennes, le printemps avait explosé, les pivoines éclataient et les rhododendrons étaient de mille feux. Ce jour-là, le bestiaire s’est grandement agrandi !

AD : Le safari photo fut fructueux ce jour-là en effet ! C’est ce jour que sont apparus un cacatoès, deux poules, un caméléon et des petits tapirs tapis. Ils ne faisaient pas à eux seuls une fresque, mais ils en deviendraient bientôt des pièces maîtresses. Et sur l’assemblage, tu as l’oeil! J’ai décidé aussi de jouer sur les couleurs. Le safari du 8 mai était haut en couleur. Il y a une joie singulière qui se dégage, je trouve. 

CM : Nous avons appelé la fresque Autour de Loïe ! Le cacatoès, il me fait penser à Loïe Fuller, elle tourne et tourne, cela donne envie de chanter ce Tourbillon de la vie. En plus un cacatoès, c’est un oiseau qui mange sa cage, c’est fabuleux ça. Petit tapirs tapis, ça se chante, ça se slamme. Tu as raison, il y a de la joie. Et en même temps une certaine gravité parce qu’on espère que toutes ces couleurs attirent les abeilles, parce que les abeilles, il faut les sauver. Le chant se fait politique et on entend “le chant aigre” de l’abeille. Je mets des guillements car c’est une formule qu’emploie Maurice Genevoix dans son bestiaire enchanté. La première nouvelle s’appelle L’abeille justement. Je voudrais le chanter sur la musique des plantes. Trouver à combiner le sautillement et la gravité.

AD : Tu as demandé des conseils à Lucie pour chanter, raconte !

CM : Lucie me conseille d’abandonner le terme “performance”. Il ne s’agit pas d’être performant mais d’être calme, de se ménager et d’arriver sur la musique quand je sentirai que le moment sera bon. Lucie me conseille de maîtriser le temps, un slam sur une minute, un mouvement plus lent pourquoi pas sur trois minutes, sur les textes parlés, faire glisser peut-être des notes ou des envolées. Lucie est flattée quand je lui demande si je peux chanter Noé. Moi j’ai le trac et je suis impressionnée. Elle est belle Lucie avec son fidèle accordéon. Elle fait rire et elle émeut. J’ai éclaté de rire quand j’ai écouté pour la première fois ce refrain :  

« Nous ne serons pas amers / mais il n’y a plus de mystère / tu vois bien qu’il s’est cassé / oui sans nous / ce connard de Noé »

Puis j’ai été grave quand j’ai véritablement été attentive aux paroles. Il y a de quoi. A l’heure où j’écris ces lignes, un énorme bloc de glacier s’échappe du Groenland faisant monter le niveau zéro des océans. Elle chante cela. J’écoute Lucie et je lis Bénédicte Manier, un livre intitulé Made in India, rendez-vous au chapitre Les reforestations citoyennes. Quand on reboise, les tigres reviennent…

AD : … Tu racontes cela et voilà que les créatures que j’ai photographiées sur les routes deviennent Les tigres mécaniques. Cette fresque s’est ainsi imposée. Le panneau s’agence ainsi par effet de révélation. Et puis tu lis un article Bénédicte Manier sur les animaux en ville sur son blog, nous parlons de forêt urbaine et, de fil en aiguille, de Nature totale. Il y a des osmoses entre des créations des hommes et la nature. La ville révèle ses créatures animales. La nature urbaine est en rébellion. La ville est forêt. Les paroles risquent de se faire colère…

CM : … Ou chevauchée en « vélo-cheval », pour emprunter la formule à Amélie Nothomb dans Le sabotage amoureux, dans la ville ! Dis-moi, pourquoi une fresque s’appelle-t’elle Les animaux déçus ?

AD : J’ai photographié une grue de taille moyenne, il y a quelques temps, vers l’avenue de France à Paris, et le geste que j’ai utilisé le temps de capter l’image a donné à la grue une forme courbe, gracieuse, un peu fragile, et comme tête baissée. Un titre m’est immédiatement venu, “La déception de l’hippocampe”. Puis nous avons regardé ensemble certaines de mes autres photos, et la force inspirante de cette idée de déception nous a fait réaliser que l’hippocampe avait des compagnons de déception. Les animaux déçus, cela me touche parce que ça leur donne une âme particulière – il faut une belle conscience pour pouvoir éprouver la déception, et aussi parce que je n’aime pas voir des gens déçus, cela m’attriste et m’émeut. Mais une prochaine série pourrait être Les animaux chevaleresques, ceux qui redressent la tête !

CM : Des animaux chevaleresques, Les mandibulés, une nature totale, des chevauchées en ville, voici Les nouvelles arches de Noé. 

Le Bestiaire enchanté, une autre façon de raconter les histoires…

Un projet sensationnel, porté par la Galerie terres d’Aligre, partenaire du Festival.
Arts du feu et livres d’art… un nouvel  et intrigant récit du bestiaire enchanté : vingt neuf animaux crées, quinze céramistes sollicités, une galeriste inspirée à l’orchestre,  sur le le livret éponyme de Maurice Genevoix.

Nous sommes allées,  Céline Mounier et Sylvie Dallet, à la rencontre de Myriam Bürgi qui nous a reçues fort chaleureusement. Tout est beau dans ce lieu. Nous nous sentions bien dans la galerie cette fin d’après-midi-là. Nous échangions sur le métier de libraire d’art/galeriste, que nous comparions à celui de metteur en scène, en citant Ariane Mnouchkine. Nous discutions du Bestiaire enchanté de Maurice Genevoix, nous en commencions lecture, nous avions envie de lire à voix haute, l’écriture est de haute tenue et à la lecture, on vit la nature, on se meut en elle, et dans les souvenirs de l’auteur. Depuis cette rencontre, Myriam Bürgi nous a fait le cadeau de sa plume, par le récit que voici.

« La galerie terres d’Aligre (Paris 75012) dédiée à la céramique contemporaine a été créée en 2008 par Philippe Albizzati et Myriam Bürgi, altiligériens d’adoption depuis 1978.

En découvrant le thème de l’édition 2018 du festival : Bestiaire enchanté, une autre façon de raconter les histoires… notre projet de simple visite s’est mué en projet de présentation de sculptures animalières car notre expérience en la matière nous a convaincu, aux sourires qui fleurissent sur les lèvres des visiteurs, que le bestiaire est par essence enchanteur. Une exposition sur le thème du bestiaire est une promesse de bonheur partagé et ce thème a résonné pour nous comme une invitation à rejoindre le festival.

Passé ce premier moment d’enthousiasme, il fallait resserrer le champ, fixer un cadre, avoir un fil conducteur… Bestiaire enchanté, bien mais quels animaux ? Familiers, méconnus, symboliques, sauvages, européens, exotiques, utiles, nuisibles, petits, grands, qui attirent la sympathie, le rire, la peur, héros de fables, de contes … ?

Pianoter bestiaire enchanté sur le net, découvrir le livre éponyme de Maurice Genevoix (1890 – 1980) et adopter sans réserve son choix éclectique de 29 animaux : l’abeille, l’alose, l’anguille, l’autruche, l’aoûtat, le barbeau, le chevesne, la carpe, le chimpanzé, le chat, le chien, la chouette, la coccinelle, l’écureuil, l’élan, l’éphémère, l’escargot, la grenouille et ses têtards, le grèbe, la libellule, le loir, le loriot, le loup, la marmotte, la mésange, le serpent, la pipistrelle, l’oie sauvage et le mouflon.

Les nouvelles, une pour chaque animal, racontent et entrelacent souvenirs, leçons de savoir-vivre, stratégies de pêche, rencontres… le narrateur est tour à tour contemplatif, chasseur, homme de la brousse, philosophe, villageois, enfant, grand-père… une autre façon de raconter les histoires.

Le livre de Maurice Genevoix, Bestiaire enchanté, est épuisé depuis longtemps. L’éditeur n’a plus de contact avec les ayant droits. Plusieurs solutions : le livre d’occasion chez les bouquinistes réels ou en ligne, la bibliothèque municipale ou celle de votre grand-mère, les vide-greniers…

Narration enchanteresse : l’audace de la nouvelle sur l’aoûtat, la description de la vie d’autrefois, une fine observation de la nature, la magie des têtards, la rencontre tendre avec l’écureuil, la chasse et la pêche que Maurice Genevoix pratique à l’occasion, mais aussi les méfaits du consumérisme, son horreur du carnage des cuisses de grenouilles…

Son style, poétique et raisonnable, a un effet apaisé, apaisant. De l’avis de plusieurs lecteurs, pour en goûter toute la richesse et la saveur : lire une à trois nouvelles à la suite, pas plus.

Céramiques animalières, à quels céramistes demander de contribuer ? Pendant les semaines qui ont suivies notre proposition de participer et l’accord des organisateurs du festival, au fil de nos rencontres ou de façon plus déterminée vis-à-vis de céramistes animaliers avec qui nous avions déjà travaillé nous nous sommes appliqués à faire naître des désirs d’aoûtat et de mouflon, de têtard et de marmotte… Nous avons aussi recruté des sculptures « déjà là » de chien, de loriot… 

Les céramistes se sont exprimés en sculpture ou en dessin (sur assiettes, plats, coupes et carreaux), en collant à la réalité ou en s’en affranchissant, en grès ou en porcelaine, terre émaillée ou terre brute, cuisson au bois ou au gaz, à l’échelle qui est la leur… en choisissant dans le bestiaire de Maurice Genevoix un animal ou plusieurs, en une pièce unique ou en plusieurs déclinaisons, avec un seul animal ou en groupe, présentant l’animal seul ou mis en scène…

Chaque céramiste a été libre d’investir les animaux de son choix pour peu qu’ils appartiennent au Bestiaire enchanté de Maurice Genevoix.

Quinze céramistes participent : Cécile Aurejac, Evelyne Boinot, Capri, Pablo Castillo, Nicole Crestou, Jean-Jacques Dubernard, Fany G, Emilie Gavet, Joëlle Gervais, Marie-Eve Ginhoux, Marie-Pierre Lamy, Cécile Meunier, Martine Nonnenmacher, Simone Perrotte, Elodie Lesigne.

« la chouette » par Emilie Gavet

Elles et ils sont d’Auvergne ou de plus loin, seront présents ou nous auront confié leurs pièces.

Lorsque plusieurs céramistes participent à une même exposition, c’est l’occasion pour le public de découvrir dans le même espace-temps l’incroyable diversité de la création céramique. Diversité des imaginaires, des univers esthétiques auquel chacun se réfère, des techniques et procédés utilisés qui génèrent à l’infini des variations de texture, de couleurs, de matité…

L’installation aura, elle aussi, son rôle à jouer.

Enfin, vous viendrez, vous verrez et vous exprimerez ! »

 

 

 

Diane Cazelles, entre l’Afrique et St Ilpize

Céline Mounier  rencontre Diane Cazelles, journaliste (photographie et écriture), peintre, organisatrice de résidences d’artistes, passionnée d’Auvergne et d’Afrique, respectueuse des libertés créatrices que la belle mémoire entraîne…

« Après rapides échanges de mails, nous nous sommes donné rendez-vous par téléphone un matin. Nous avons chacune volé du temps, une demi-heure pas plus, toutes les deux affairées dans nos travaux du moment et nos contingences. Diane me parle d’emblée de la Résidence Artistique au Château de Saint-Ilpize, un laboratoire de créations pluridisciplinaires et de rencontres. Très vite et en donnant envie de le découvrir sans tarder, en patientant jusqu’en août quand même. Je lui demande une webographie pour me plonger dans ses travaux, les découvrir, cheminer dans un parcours tissé de paysage, de personnes et d’un haut-lieu en particulier, Saint-Ilpize. Saint-Ilpize, je prends plaisir à répéter encore ce nom, ça y est, j’ai découvert le lieu, par la seule magie du web pour l’heure, pas encore avec mon corps. Nous poursuivons notre conversation dans un café de bon matin toujours, l’air parisien est mi-pollué, mi-tropical.

ST Ilpize par Pierre Faucher

Céline Mounier : Diane, peux-tu nous dire quelques mots de cette résidence, qui se tiendra du 6 au 12 août prochain  à St Ilpize?

Diane Cazelles : Oui, il est un lieu haut perché et volcanique en Auvergne. La Résidence a lieu dans la chapelle du château, en fait sur le site du château. J’aime ce lieu. J’aime investir des hauts-lieux. Le patrimoine, c’est important pour moi et l’art ravive l’histoire. J’ai un jour investi le Cloître de Lavaudieu dont un Christ est pour une partie de lui à Paris, pour l’autre à New-York. Il y avait une histoire tragique à raconter dans ce lieu. Pour revenir au château de Saint-Ilpize, le voici, ici peint par mon meilleur ami et artiste Pierre Faucher, décédé en 2016.

Le principe de la Résidence est le suivant : les artistes arrivent, se mettent à l’ouvrage, créent ensemble et le dernier jour, la création est là. Voici le thème de cette année : “Bal des Grotesques ! Danses païennes et contemporaines, la mythologie recomposée et les rites perpétués”. Le dernier jour est dernier et vernissage.

CM : Quand je lis le titre de cette année, le Bal des Grotesques,  je comprends que le sujet, c’est la danse de l’Histoire…

DC : Les danses donnent à penser le monde. La danse avec les autres arts, et on ne sait pas dire à l’avance si c’est elle qui mènera la danse. D’ailleurs, il n’en est pas question. Les artistes mèneront la danse. Les créations se font au rythme des visiteurs et de leurs pas et arrêts, et qui qui sait si cela n’imprimera pas le rythme de la danse. Et qui sait s’il y aura de la danse d’ailleurs ! L’événement fonctionne comme un laboratoire de création. Tu sais, je suis aussi très intéressée par les squats. J’ai écrit Made in banlieue, je te le prêterais à l’occasion, on retrouve quelque chose de l’esprit des squats à Saint-Ilpize. L’année dernière, il y a eu Eddy, il y a eu Gaëlle, et tous les autres, il y a nos histoires, la mienne de journaliste en Afrique par exemple, qui croisent les Histoires, celle de la Vierge Noire par exemple. Qui sait quel Bal nous produirons cette année ? Nul ne sait.

CM : Quel est ton rôle dans l’aventure de Saint-Ilpize ? Tu noteras que je prends plaisir à prononcer ce nom à lui seul enchanteur !

DC : J’ai initié la résidence en 2014. C’était au départ comme un défi d’une volonté d’amis. Je l’ai conçu comme un laboratoire d’emblée où nous partageons ensemble nos envies créatives. On retrouve cet esprit au festival des Arts Foreztiers.

CM : Je peux voir tes peintures ?

DC : Tiens, je t’en envoie et tu choisis. Les bois m’inspirent. Les personnes m’inspirent.

CM : Je choisis celles-ci !

CM : En 2017, le thème était La Bête du Gévaudan, https://lesartsforeztiers.eu/les-artistes-et-la-bete/ ‎veux-tu nous en parler ?

DC : C’était la première fois depuis 2014 qu’un thème était proposé. Le Gévaudan célébrait le 250ème anniversaire de la mort de la bête. Il y a de la peur et des fantasmes, de l’animalité et de l’humanité dans cette histoire. Elle a fait couler beaucoup d’encre. C’est une histoire incroyable qui n’est toujours pas résolue.

CM : J’ai lu cet article dans La Montagne https://www.lamontagne.fr/brioude/loisirs/art-litterature/2017/08/10/la-petite-chapelle-du-chateau-accueille-une-dizaine-de-createurs-jusqua-dimanche_12512386.html

DC : Oui, Franck Watel et Eddy Saint-Martin s’affairaient à finaliser leur “piège à bête”, une installation où artistes et visiteurs étaient invités à rejouer la mort de la Bête devant une caméra.

CM : Puis, à Brioude, les artistes se sont réunis, regarde, j’ai mes sources : https://lesartsforeztiers.eu/la-bete-du-gevaudan-suite-et-fin/, et, à nouveau, il était possible d’écouter la musique de Liam Morrissey. Te souviens-tu de quel morceau il jouait ce jour-là ?

DC : Avec Pascal, Liam a composé ce morceau. De l’improvisation… à Bach, Liam va avec son violoncelle et joue librement. Surprenant et magnifique !

CM : La bête du Gévaudan reviendra-t’elle au Bestiaire enchanté en juillet ?

DC : Je ne crois pas. Ce qui sera important pour moi à Chavaniac, ce sera la forêt. Je pense que je vais travailler sur l’éphémère. L’éphémère pour dire la fragilité de toutes les bestioles. Je souhaite être dans la forêt. La forêt est mon refuge. Elle m’appelle. Je souhaite l’investir à Chavaniac sur l’éphémère pour dire quelque chose du monde comme il va.

CM : En somme, avec l’éphémère, tu nous parles de résistance.

DC : Oui. Avoir l’ambition de sauver le monde tue, mais travailler, ça suffit pour sauver son monde. Ce n’est pas lui qui dira le contraire dans sa danse mi – païenne des terres volcaniques, mi-africaine. »

Plantes et bestiaires en fête

Ce que les fleurs voient… (@Sylvie Dallet)

Difficile de résumer cette intersection mystérieuse qui a conjugué à la fois la mise en scène d’un premier Bestiaire, en avant première des oeuvres des Arts Foreztiers 2018 et l’imaginaire des plantes et de leurs expressions poétiques, les fleurs.

Deux rendez-vous conjugués : la Fête des Plantes à Chavaniac Lafayette,  les deux et trois juin, avec ouverture exceptionnelle de l’écurie (dite grange Bonaventure, cf. https://www.helloasso.com/associations/les-arts-foreztiers) et le séminaire Imaginaire des fleurs ou se sont retrouvés le 6 juin,  quelques partenaires foreztiers : Ziqi Peng  (responsable du concours Chine), Weixuan Li (peintre), les parfumeurs Eva Chicoutel et Morgan Dhorme (Chidho) avec Céline Mounier et Sylvie Dallet,  régulièrement aux manoeuvres sur le facebook dédié aux Arts ForeZtiers.

La visite de l’écurie Bonaventure rassemblait les oeuvres de sept peintres et des sculpteurs,   soit 1/8 des artistes qui seront présents cet été.


Ermeline Dodici exposait dans la salle « mémoire du village » (Adrienne et Eugénie) des aquarelles de fleurs et des paysages (huiles) de la région, accrochées sur les brandes de bruyère, face aux photographies anciennes.

Véro Béné  avait apporté  deux grandes oeuvres sur kraft, carton et toile (Le cerf feuillu et les chevaux de la nuit, bien présentés sur Facebook), Sylvie Dallet  avait disposé quelques peintures  récentes (sur papier laurier Lamali et sur papier Moulin Richard de bas) , Suzy Tchang exposait son somptueux Coeur de fleurs, une oeuvre  sur papier marouflé des Arts ForeZtiers 2013, naguère présentée dans l’église  et Eddy Saint-Martin  accrochait deux oeuvres mixtes(collage, peinture et tissu). Eddy avait, par ailleurs,  réalisé à partir d’un drap de lin des années précédentes, un immense assemblage de tissus et de formes peintes de trois mètres de hauteur,  qui annonçait la manifestation à venir.   Les bénévoles ont hissé cette oeuvre sur la façade Bonaventure, en la Ferme St Eloi, épicentre du festival.

Pour la sculpture, les racines d’Alexandra Lesage (dont une racine de rosier, étrange totem …) le lézard du forgeron haïtien Jean Éddy Rémy et quatre oeuvres du sculpteur métal, Diego Martinez : deux hérons, un papillon, un aigle et une extraordinaire chauve-souris que Diego Martinez a fixé pour la photographie à une poutre de l’écurie, devant les râteliers à foin.

Arts du feu et arts du foin

Hérons de Diego Martinez

Samedi 2 juin, après une journée remplie de discussions animées et de présentations  festivalière à Chavaniac-Lafayette,  les artistes foreztiers Pascal Masson, Sylvie Dallet, Véro Béné et Isabelle Lambert sont allés rejoindre par la route d’Esfacy le Festival des arts  du Feu organisé par Cécile Auréjac et Franck Watel au Château médiéval de Domeyrat.  Nous y avions rendez-vous avec les artistes haïtiens, le forgeron Jean-Eddy Rémy, le peintre Eddy Saint-Martin et Mathias Cazin de l’association Zetwal.

Meules roses (@Sylvie Dallet)

La couleur nous accompagne…

Sur la route qui se déploie doucement dans les verts profonds que le printemps mouillé appelle, une ponctuation rose dans le couchant.  Le spectacle est splendide et surréaliste. En rémission d’un cancer, Michel Toussaint, agriculteur alsacien, a enveloppé ses bottes de foin d’un film rose.  D’habitude le foin est protégé d’un film noir ou vert bouteille, tachetant de sombre les prés fauchés.
Par cet acte coloré, Michel Toussaint entendait reverser de l’argent à la Ligue contre le cancer, sensibiliser à la solitude des malades… et encourager les autres agriculteurs à l’imiter. Là, près du minuscule village Esfacy, dans un lieu improbable traversé de la Senouire, autrefois piquetée d’or, les paysans d’Auvergne répondent à ceux d’Alsace.

Nous avions arrêté la voiture pour garder en souvenir cette insolite image.

Puis nous sommes repartis vers les hauteurs de Domeyrat ou le feu dompté déployait des emblèmes…  Forge, bijoux, céramique, métal..Des jeunes gens surgis des flammes conjuguaient leurs talents prométhéens. 

Danielle BOISSELIER, la liberté de l’éphémère

Ce 26 mai 2018, Céline Mounier nous adresse une belle conversation avec l’artiste, scénariste et photographe Danielle Boisselier, qui va exposer des oeuvres inédites lors du prochain  festival des Arts ForeZtiers. Cette plasticienne était présente au Festival 2016 et, fidèle à l’esprit de créativité foreztière,  nous revient avec des expériences inédites de calligraphies, de voiles et de peintures sur bois.( https://danielleboisselier.com/ )

« Nous nous sommes donné rendez-vous par téléphone avec Danielle Boisselier  un samedi après-midi alors que je sortais d’une exposition magnifique et inspirante d’un architecte japonais, Junya Ishigami. J’étais sur une terrasse de café bien agréable tandis que Danielle me racontait son art et me commentait des photos reçues dans ma boite mail peu avant. J’avais, ce jour-là, noté ceci, partagé sur la page Facebook des Arts Foreztiers : “de calligraphies volant au vent apparaissent des oiseaux”.

Céline Mounier : Danielle, je propose que nous commencions cette interview sur les calligraphies.

Danielle Boisselier : À la vérité, je peux raconter l’histoire de ma passion récurrente pour la naissance des écritures et leur développement dans les civilisations des cinq continents, les pictogrammes, les signes et les codes, leurs analogies avec les transformations actuelles, sauf que le temps était bien plus long et l’espace non planétaire. Mes expérimentations en calligraphie chinoise avec Chen Dehong et japonaise avec Shingai Tanaka viennent de là.

CM : Peux-tu en dire plus sur ces deux figures ?

DB : J’ai pratiqué la calligraphie chinoise avec l’artiste Chen Dehong et la calligraphie japonaise de 1999 à 2007 avec Shingai Tanaka. Chen Dehong travaille à Paris depuis 1982. Il mêle de façon singulière peinture et calligraphie. Pour le découvrir, L’empire du sens est un très beau livre. Shingai Tanaka, quant à lui, était président des calligraphes de Kyoto. Lui aussi est venu en France. Il a enseigné à Lyon. Il est décédé en 2007. Le musée de l’imprimerie de Lyon lui a fait un bel hommage en 2011, Hommage à Shingai Tanaka.

Voici mon hommage : Leçon avec Tanaka

CM : Tu écris des poèmes de cette expérience et en cela tu me fais penser à Henry Bauchau !

DB : Vraiment ? Tiens : « Voyages à la pointe du pinceau chargé d’encre,/le papier couché blanc est un espace ouvert,/les gris en mouvement sont autant de balises/sur un parcours sans fin…

 /« Gestes pour célébrer l’instant,/pour accueillir l’inattendu,/tracer l’élan gratuit,/la liberté de l’éphémère…/« Le dessin comme une danse/

qui génère son espace en passant… »

CM : A partir de là, tu fais des découvertes et on dirait qu’elles t’étonnent toi-même ! Raconte !

DB : Un jour, j’ai peint une calligraphie sur de la soie. J’ai laissé voler cette soie au vent et c’est à ce moment que j’ai fait cette découverte : de calligraphies volant au vent apparaissent des oiseaux. J’ai trouvé cela fantastique et j’ai laissé voler des soies au vent. Bien sûr, une soie qui vole au vent est assez fragile alors je profite du vol au vent pour sortir mon appareil photo.

CM : Pour capturer “la liberté de l’éphémère” ?

DB : Oui, c’est sûrement cela. J’aime expérimenter des synthèses variées entre geste pictural et geste photographique. Le résultat en est souvent des installations ou environnements en rapport avec la nature et si possible implantés dans un milieu naturel, prétextes à photographie et à livres d’artistes. Ces installations privilégient les impressions digitales sur textiles variés, la soie, l’abaca, grâce aux nouvelles technologies qui permettent à la photographie de trouver un support souple et tactile.

CM : Tu parles des nouvelles technologies. Tu travailles tes photos avec le logiciel Photoshop un peu comme avec ton pinceau tu calligraphies…

DB : … regarde ces nuages :

CM : Je suis en train de lire L’art du présent d’Ariane Mnouchkine, et j’ai envie de te demander si le théâtre pourrait être un milieux pour tes installations.

DB : Tu ne crois pas si bien dire : j’ai produit des scénographies et des expositions pour des groupes de musique, des compagnies de théâtre et danse contemporaine.

CM : Cette année, le thème des Arts Foreztiers, c’est Bestiaire animalier. Comment ce thème résonne-t’il pour toi ?

DB : Je suis depuis longtemps admirative des inscriptions très anciennes, sur les vases en bronze de la troisième dynastie chinoise notamment et en particulier celle-ci : « nomenclature d’animaux » et leur évocation très vivante. J’ai une tenture pour l’extérieur qui permet de les présenter. Mes « doux délires zoomorphes » seront complétés par des bois peints.

CM : Merci Danielle, j’ai hâte de voir tout cela avec tous mes sens !

Fêtes des Plantes à Chavaniac et Imaginaire des Fleurs à Paris

Orchidée de Guyane (@ L. Pagès)

 Deux dates à retenir  en Auvergne  (Fêtes des Plantes) et à Paris (Imaginaire des Fleurs).

Les 2 et 3 juin 2018 (du samedi 14 h au dimanche 18 heures), l’association Jardins Fruités organise sa 23e Fête des plantes à Chavaniac-Lafayette, une première dans le village car les précédentes éditions se déroulaient au Château de Saint-Vidal, près du Puy-en-Velay. Pour cette manifestation qui se déroule sur la Cour et les jardins du Château de Chavaniac, une cinquantaine d’exposants sont réunis.

Cette Fête des Plantes  s‘organise autour du thème : « FLEURS des Deux Mondes (France et Amérique du Nord) »

Fleur Cacatoes (photo Albert David)

Dans la rue qui mène au Conservatoire botanique du Massif central à la Ferme Saint-Éloi, plusieurs associations vont animer des rencontres (https://www.facebook.com/jardins.fruites).

Le Festival des Arts Foreztiers s’associe à cette manifestation et présentera des œuvres peintes des années précédentes à la Ferme Saint-Éloi, qui  ouvrira exceptionnellement la grange Bonaventure pour accueillir les curieux et présenter le programme  de juillet 2018. Pour l’occasion, le Festival partage gracieusement cette grange de la Ferme avec l’association Adrienne & Eugénie partenaire du Festival depuis 2016. L’association Adrienne & Eugénie, qui nous a aidé à mettre la grange au propre,  va présenter des photographies anciennes du village cependant que Festival leur prête des peintures paysagères du Pays de Lafayette.

Cerisiers Montreuiil (photo S. Dallet)

Mercredi  6 juin en après-midi de 14 à 18 heures) , L’Institut Charles Cros (http://www.institut-charles-cros.eu/?page_id=185), membre fondateur et soutien du Festival des Arts ForeZtiers, organise à Paris (24 rue des écoles à l’Espace Harmattan) sous la responsabilité de Sylvie Dallet, le séminaire de recherche Éthiques & Mythes de la Création (EMC), qui porte ce jour  l’intitulé  :

« Imaginaire des FLEURS« .

Six intervenants dans une palette d’expressions exceptionnelles : Sylvie Dallet recevra l’historienne Valérie Chansigaud, le collectionneur Frédéric Rolland,  la spécialiste des séries de science-fiction Monika Siejka pour évoquer un thème d’été !

Se joignez à nous les deux créateurs de la parfumerie naturelle CHIDHO (le Puy en Velay)  Morgan Dhorne et Eva Chicoutel, ainsi que la photographe Christelle Westphal  et ses coiffes végétales…

Le séminaire EMC est hébergé par l’Harmattan  et son entrée  est libre dans la mesure des places disponibles de 14 h à 18 h.  le détail sdes communications est consultable sur le site Web de l’Institut Charles Cros.

Contact : sylvie.dallet@uvsq.fr

Noailles en Haïti : le village qui forge son destin

Cet été, le village artistique de Noailles  (Croix des Bouquets) en Haïti va être lié  au village de Chavaniac-Lafayette par une expérience créative qui explore le thème de Bestiaire enchanté. Cette initiative puise ses racines dans un passé très lointain, comme une résurgence inattendue : en effet, le village haïtien proche de la capitale  Port au Prince,  tire son nom d’une propriété coloniale des Noailles (famille de l’épouse de Lafayette, Adrienne de Noailles) du XVIIIe siècle. Lors de la Révolution française , Gilbert et son épouse Adrienne ont oeuvré pour l’abolition de l’esclavage en Guyane et aux Antilles, luttant contre les intérêts mêmes de leur famille.  L’histoire de l’ile porte aussi la trace ancienne du gouvernorat amérindien de la poétesse Anacaona (ce qui signifie Fleur d’or, en langue Taïnos) pourchassée puis pendue  en 1504 par l’armée espagnole d’occupation laissée en Haïti par Christophe Colomb. À l’époque, l’île d’Haïti (« terre des hautes montagnes » en langue Taïnos) très boisée, servait de territoire de chasse. En 1804, l’île francophone devint, quatre cents ans près le martyre d’Anacaona, la première république noire indépendante.

Jean-Eddy Rémy : Bizango

Le Festival  des Arts ForeZtiers accueille cette année pour la première fois le forgeron Jean-Eddy RÉMY, présenté par l’association Zetwal (art & artisanat solidaires). Sept œuvres en métal sculpté (feuille de tôle transformée d’un baril) sont créés par Jean-Eddy RÉMY autour du conte vaudou « Tezen nan dlo ». Les amours d’une humaine et d’une homme-sirène seront mis en scène par Jean Eddy RÉMY et Mathias CAZIN (Zetwal) près de la source fontaine du village natal de Lafayette.

L’expérience du Village de Forgerons de Noailles (quatre-cent artistes métal, dont sept femmes), crée en 2010 par Jean-Eddy Rémy, perpétue la technique inventive (boss métal) crée en 1953 par le forgeron Georges Liautard. En 2009, au village de Noailles, un musée dédié à Georges Liautaud (1899-1991) a été inauguré. Ce forgeron haïtien façonnait des croix peu communes pour les tombes du cimetière, ainsi que des sculptures, à partir de métal récupéré sur des bidons. Depuis, l’art du fer découpé est devenu une tradition d’Haïti, reconnue internationalement. Une vidéo a été réalisée  en 2009 par le cinéaste Arnold Antonin  relate l’essor artistique de ce village : La sculpture peut-elle sauver le village de Noailles ou Les Boss métal de la Croix des Bouquets….

Partenariat Zetwal : http://espritzetwal.com/

Peindre les moutons en Himalaya

Weixuan LI nous adresse de Chine cette peinture à l’huile « Garder un Troupeau de Moutons » (150cm*100cm), qu’elle a créée au début de 2011, à l’âge de 21 ans.

un baiser (Weixuan LI, 2016)

Weixuan Li a participé des éditions des Arts ForeZtiers de 2015 et 2016  et souhaite retravailler cette peinture  tibétaine, pour la présenter lors de l’édition du Festival 2018,  axé sur le thème de « Bestiaires enchantés ».

Elle écrit en français ce texte pour notre Blog :

« Ma spécialité est la peinture à l’huile (Arts plastiques). Au moment où j’ai peint cette représentation naturaliste, je suis première de ma promotion étudiante, à la fois en quatrième année de licence et en première année de master (BAC+4) à l’Institut des Beaux-arts de l’Université de Chongqing.

Les moutons  cornus de cette peinture naturaliste sont élevés au Plateau Qinghai-Tibet du sud-ouest de la Chine.
Le  mouton tibétain (grand Bharal) est leur nom usuel en français : les ovins peuvent en Chine se confondre avec les caprins. Je suis inspirée par des anecdotes des bergers et des scènes dans la région occidentale de la province du Sichuan de la Chine.
C’est un voyage intéressant, l’enseignant et plus de vingt étudiants font des activités naturalistes, visitent de nombreux endroits pittoresques. Là, il y a une très belle et vaste prairie et des bergers à cheval, gardant un grand troupeau de moutons. Où le ciel est large et les paysages sont très beaux : à l’arrière-plan, il y a des collines, des nuages flottants dans le ciel ; au premier plan, il y a un pâturage luxuriant et beaucoup de moutons partout. En particulier, dans l’air, plein d’arôme fin et pénétrant de l’herbe et des fleurs, laisse les gens à se sentir détendus et heureux, comme si dans un conte de fées. Retour à l’Université de Chongqing, dans l’atelier, je garde la trace de ma mémoire, crée la peinture à l’huile «Garder un Troupeau de Moutons ».
Dans la prairie, nous visitons des tentes tibétaines des pasteurs. Les bergers sont très enthousiastes, simples et accueillants, avec la meilleure nourriture pour accueillir les touristes éloignés, comme du Chang (une boisson fermentée des peuples tibétains), du thé au beurre, des desserts. Nous leur donnons également quelques petits cadeaux. Ils ont un accent, la communication linguistique n’est pas facile. »

« Les chèvres et les moutons sont souvent peints et sculptés en Chine : pour exemple, la ville de Guanghzou est associée à cinq chèvres. »