Second extrait de « Philosophie de l’océan » de Roberto Casati

« « Travailleurs de toute la nature, unissez-vous ! »

Si le plancton est émotionnellement distant, étranger par sa figure et cousin trop éloigné, il est en revanche conceptuellement très proche de nous par un autre aspect, que la littérature scientifique a récemment mis en lumière. Le plancton travaille-t-il pour nous en séquestrant le carbone et en générant de l’oxygène, produit-il du pétrole et des récifs ? Rend-il un service planétaire ?

Les travailleurs ont des droits, protégés par le droit du travail. Si nous n’arrivons pas à donner une personnalité juridique à l’océan, nous pourrons au moins fonder le syndicat du plancton.

L’idée d’un syndicat du plancton pourrait jouer sur la solidarité entre les travailleurs, sur notre connaissance de ce qu’est le travail dans la dignité, pour proposer non seulement des mesures attendues comme le repos saisonnier, ou les congés reproductifs, mais aussi des mesures nouvelles comme la portabilité d’un bagage de droits à travers des aires géographiques qui, aujourd’hui, sont normés par les nations qui les possèdent. Le plancton est le migrant par excellence, apatride, difficile à ranger dans une case. Si, de nos jours, le travail exige toujours plus de mobilité sans protéger de manière adéquate et semble vouloir faire de nous tous les migrants dépourvus de droits, l’imagination juridique peut créer les instruments qui défendent tous les travailleurs, sur la terre comme sous la surface de l’océan ; et si ce qui vaut pour nous peut aussi bien, dès aujourd’hui, s’appliquer au plancton, alors ce que nous mettons en œuvre pour le plancton pourra un jour nous protéger nous.

… »

Thème « Guérir le monde abîmé »

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