« Le chant des forêts », film réalisé par Vincent Munier que l’on peut découvrir au cinéma en cette fin de l’année 2025, invite à s’émerveiller de la beauté, de la murmuration des oiseaux, de la pousse d’un jeune sapin sur un tronc, des regards des animaux, des brumes et de l’eau que garde le sol, des regards complices entre un fils, son père et son grand-père. Il invite à revenir au Festival des Arts ForeZtiers qui a eu pour titre cette année « À la grâce des forêts », avec de beaux regards complices entre une fille, sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère. Visite guidée du Festival ! Une visite qui commence par les garages du Prévent puis se dirige vers la ferme Saint-Éloi. Une visite en quatre temps. Plus haut, dans la salle des Aînés, l’association Adrienne & Eugénie expose des objets traditionnels en bois qui enracinent nos histoires communes.
Dans le premier grand garage mis à disposition par la mairie Jean-François Courbe raconte que le bois propose que l’on fasse de lui, lui souche, lui racine, lui bois abîmé, quelque chose. Le bois est lissé, peint, traité, architecturé, façonné, sculpté et de nouvelles vies se révèlent. La fumée est utilisée par Marie Lafont pour révéler des arbres au sfumato de ses deux tableaux. En résonance, Reine Mazoyet scénarise le Songe d’une nuit d’été, les conciliabules des elfes des forêts, le Petit chaperon rouge, le monde féérique de l’enfance. Le théâtre s’ouvre, la mère-grand fait de la voltige, gracieuse, Titania et Obéron sont là, l’enfant Nils Holgerson vole sur les oies.

Relevons des empreintes de brindilles, et entrons dans le second grand garage dans la relation intime de l’homme et de la matière, de la découverte d’un procédé, du travail du métal avec Denis Perez, venu de Besançon. Et découvrons la métamorphose du tailleur de pierre, Kere Dali venu de Rennes, dans une immense création en résine en hommage au dieu celte Cernunnos, protecteur de la forêt. Jouons, jouons avec des enfants à démonter et remonter des images de germination. C’est Hervé Fogeron, venu de Saint Étienne, qui les a créées.

Des oiseaux, de la matière brute, Fabienne Récanzone-Tilmont en fait œuvres tout contre la micro-mythologie déployée par Félix Monsonis. Les amadouviers qu’il détache des des arbres sont dorés. Sur du papier venant du Moulin Richard-de-Bas, mais aussi de plus loin du Népal, les œuvres de Sylvie Dallet présente un univers où le féminin règne, où les forces de la vie s’entremêlent, tandis qu’Efée Aime venue d’Orléans, répare, ravaude, aiguille en main, des tissus racontant de la réconciliation entre les humains et la nature. Nous la regardons coudre, nous pensons à Cœur cousu de Carole Martinez. L’univers onirique de la bretonne Anouk Rugueu répond en petits formats aux ravaudages et l’esprit des ours nous accompagne.Claire Pradalié, organise un conte de céramique où les renards, les champignons et les ours perché sur des rondins, s’échangent des douceurs.
Dans le passage qui contourne l’escalier, Véro Béné a tapissé un mur de bois de ses paysages d’Auvergne, peints sur papier. À ses côtés sur la fenêtre, deux étranges figures humaines conçus par Isabelle Lambert, se tordent dans des bocaux illuminés à la fois par le jour et la fée électricité. Une autre histoire se conte, entre le paysage et l’humain emprisonné.

Nous montons d’un étage, le regard pénètre dans les évanescents abris à rêves construits par Jean-Paul Delaitte. Il travaille beaucoup avec des enfants afin que leurs rêves se tissent avec la nature. Une statue de Vincent Balmès (Quat’sous) offerte au festival par sa famille, se tient là et, bientôt, une danse aura lieu en son hommage. Anne Bironneau peint des racines, des champignons sur de grands papiers qui volent au seul souffle de la brise du premier étage de la Ferme Saint Éloi. Deux peintures chinoises de Wei Liu et de Weixuan Li tapissent discrètement le mur, entre deux fenêtres. Les calligraphies d’Alexandra Fontaine racontent en kakemonos, la nature et lecture sera faite ici d’Isis Noor Yalagui sur la prégnance des lianes. Les peintures et les photographies d’Olga Kataeva-Rochford et Albert David observent les positions des mains des passants. L’art sacré et la photographie entrent en résonance dans une forêt de gestes et de pensées. Nous touchons des masques, des soies et des assemblages vaudou présentés par Eddy Saint-Martin et une performance sera jouée (et rejouée) là. Nous découvrons avec joie et truculence les grenouilles, oiseaux, le tout en recyclages, soudure et façonnage de Stéphane Montmaillet qui parsèment également le jardin. Nous suivons la formation du sol depuis les glaciers jusqu’à la Durance avec Céline Mounier. Nous apprécions les créations protéiformes et luxuriantes des tableaux d’Eric Demelis, et nous avons, avec Courbet et Greta, deux jeunesses désemparées. Le soleil entre à flots par les grandes fenêtres, naguère utilisées pour monter le foin.
Dans le jardin, on admire les sculptures de Stéphane Montmailler, le cadran solaire de Rosine Astorgue et la grande fresque sur tripli que les enfants du Centre Léo Lagrange de Brioude ont crée avec le graffeur Topaz. Un petit Chaperon Vert regard un loup qui hésite à entrer dans les grands bois sur un tapis de fraises sauvages. Il leur a fallu une semaine pour imaginer , en résidence au camping de Chavaniac Lafayette ce nouveau conte…

La visite est faite, vivons aussi les événements : les conférences, les danses, des concerts, les lectures et régalons-nous des mets préparés par Anne Monsonis avec notamment ces ingrédients qu’elle marie avec passion : carottes, cumin, gingembre, ail citron, purée de poivrons, pois chiches, tapenade, risotto à la boutargue, soupe aux orties, pâtes à l’ail des ours, crème libanaise.
Prochain récit : les performances, les musiques, les ateliers… toute une animation qui, de 10 heures à 22 heures scande la flânerie émerveillée des enfants et des adultes.
Paris, le 31 décembre 2025