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Le cœur peuplier

Dans la mythologie slave, Bouïane (en russe Буя́н) est une île légendaire, qui a la capacité d’apparaître et de disparaître à volonté. Trois frères y vivent : le Vent du Nord, le Vent d’Ouest et le Vent d’Est. Il s’y passe nombre d’évènements étranges. Kochtcheï l’Immortel y cache sa mort dans une aiguille à l’intérieur d’un œuf, dans un chêne mystique (l’Arbre du Monde). Ce chêne croît sur la Pierre-Alatyr, « père de toutes les pierres », désignant le centre du monde : qui saurait la trouver verrait tous ses désirs comblés.Peuplier de la rue des Pleus (photoSylvie Dallet)

Dans l’inspiration des Arts ForeZtiers,  pour un projet autour des métamorphoses d’Ovide (ici, la métamorphose des jeunes filles en peupliers) Vero Bene a conçu  et dessiné ce peuplier aux racines proches de l’eau, dont le tronc cache un cœur…  Cette légende du cœur de l’arbre tire ses racines d’un conte égyptien très ancien :   Le Conte des deux Frères (xve siècle avant notre ère) raconte que pour échapper à ses ennemis, le héros Bitiou place son cœur « au sommet de la fleur de l’Acacia. »

Comme un fragment de Desnos qui résonne  :

“Il était un arbre au bout de la branche
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de cœur
Cœur gravé, percé, transpercé,
Un arbre que nul jamais ne vit.”

L’arbre de la science

Adam & Eve (Molas-mexique)
L’arbre de la science doit être approché avec respect : la science sans conscience n’est  que ruine de l’âme… Ici, le Milieu du Monde est un simple rectangle de tissu rouge que les Indiennes brodent de couleurs pour orner leurs vêtements de récits symboliques et raffinés.
Pura_Ayung(INDONESIA)
En Indonésie, les arbres blessés se réparent grâce aux constructions humaines… (photo Laurence Honnorat)

 

Mon Chêne

L’oeil du Chêne (photo Elizabeth Dallet)

“Mon chêne,  je te retrouve sous le soleil torride
Mon chêne lacéré par les crocs des chenilles
Qui me rend mon pays échappant sous le masque
Insulte maculée des fleurs à sa ligne aride
Subtil désert de volupté brûlante
Malgré le fouet bruissant des mouches acharnées
En brassées piétinant le silence de buse
Hier le vent du nord me poussait hors les cimes
Perdue étais-je dans le rire d’une terre
À sa vérité âpre,
Ingrate à l’étranger
Mon chêne se souvient d’une joie détruite
Mon chêne baise mes mains de ses feuilles meurtries
Avec lui fidèle, je retourne à moi-même”
Un poème de Pierre Ménanteau,   proposé par Elizabeth Dallet