Archives mensuelles : août 2015

Le bocal qui cache la Forêt

Le bocal qui cache la forêt
Installation vidéo
Projection nocturne vendredi 28 et samedi 29 aout 2015
Arts foreZtiers 2015, Chavaniac-Lafayette
Conservatoire national botanique

 Parcours du public : départ du square, longer l’allée des pommiers remonter vers le cercle de pierre où les personnes sont invitées à rester. Le retour se fait par le même chemin.

Artistes :
Christophe Bédrossian, vidéaste
Yo, artiste plasticienne https://yobelmont.wordpress.com/
Hélène Hibou, artiste plasticienne http://www.helenehibou.com
L’installation Le bocal qui cache la forêt est un environnement visuel et sonore conçu en fonction du lieu. Au pied du bâtiment du Conservatoire national botanique dans un grand pré, le public est invité à s’installer dans une zone circulaire en contrebas, entourée de pierres sèches destinées à des plantations d’espèces végétales protégées. L’environnement sonore l’immerge peu à peu dans une attention curieuse qui relie la vidéo projetée sur la grande baie vitrée du bâtiment et une installation de bocaux et bouteilles fluorescents remplis d’éléments végétaux, animaux et autres curiosités. Un jeune arbre illuminé de rouge est au milieu faisant le lien entre la projection et l’installation au sol.
L’usage de la fluorescéine qui colore les liquides dans les bocaux renvoie à l’intervention humaine aux effets paradoxaux. L’environnement naturel est menacé… Ne risque t’on pas de ne connaître et admirer la nature que dans de petites zones protégées et des bocaux. C’est la contradiction de l’intervention humaine qui exploite ou détruit d’un côté et protège, étudie et soigne de l’autre. Cette installation montre l’arbre comme un être vivant qui respire et dont les ramifications s’épanouissent comme un réseau de vaisseaux sanguins. L’arbre rouge est un puissant symbole de l’homme originel. La nature est généreuse, vivace et foisonnante ; elle donne, offre sans contrepartie, sa richesse, sa beauté. La charge émotionnelle qu’elle suscite en nous, renvoie à cet équilibre jubilatoire –et si fragile- entre l’homme, l’enfant qu’il fut, la beauté et la nature.
Le temps d’une œuvre éphémère, dans un lieu qu’enveloppe la nuit, un rythme est donné par des sons et des images qui tissent l’imaginaire avec le réel.

Jingyi Zhu et le Tu di Gong de Susan Lee

YinghiZhue2 YinghiZhue1 LUnknown-5‘artiste Zhu n’a pu venir aux Arts ForeZtiers cette année mais il a confié son œuvre à  Susan Lee.
Pour les Arts Foreztiers, il a réalisé une frise en papier découpé peint en noir, qui représente une série de monstres, des fées, d’animaux fantasmagoriques chinois et des esprits… Ceux ci se déploient dans le ciel de Chavaniac, en surplomb du Conservatoire botanique, avec la vue dégagée sur Paulhaguet.
Susan Lee a choisi l’arbre qui porte cette frise ; ses branches supportent la frise qui s’entrelace désormais au gré du vent.

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Pour la garder flottante, Susan a imaginé un système de contrepoids avec des formules de prières bouddhistes. Elle crée un petit autel  de dévotion au génie qui  envoie sa bénédiction sur Chavaniac , transposé du Tu di Gong chinois qui protège chaque lieu en Chine. Ce Tu di Gong bénéfique  apporte par son sourire et sa présence bienveillante la paix et la prospérité sur le pays et ses habitants. La vue enchanteresse du pays de Lafayette le remplit de joie et le vent qui secoue les branches lui apporte la douceur dont il a besoin pour envoyer à chacun des bienfaits….

À travers les enchevêtrements, retrouver les traces de flux.

La nature pour les artistes est un sujet de contemplation et l’occasion d’élaborer une pensée personnelle. Mais aujourd’hui, il faut me semble-t-il, y ajouter une réflexion sur les stratégies de résistance et de guérison.

Que pouvons-nous faire devant la perte du sens et les ravages de la financiarisation ?
Devant le danger, la nature crée ses solutions de survie.
La création artistique permet d’expérimenter certaines procédures qu’emploie la nature pour se régénérer. Elle élabore petit à petit une conscience qui ne fait pas que réfléchir la nature, elle la pénètre de l’intérieur pour la comprendre et s’en faire une force alliée.
Ma série des Fougères est une tentative de cet acabit. Cette série de fusains et de peintures est une méditation sur la création inaugurée il y a trente ans, qui continue à interroger la formation du visible et le renforcement du vivant. Cela se traduit par une revitalisation de la matière, une régénération de la forme et de l’espace.Fougères-au-soleil-titrée-Branche-de-hêtre-au-soleil-titrée-
Quand le chaos hypnotise les sens et immobilise l’esprit, rester simple. Malgré la complexité, attendre de percevoir la géométrie des choses. À travers les enchevêtrements, retrouver les traces de flux. Court-circuiter l’incompréhensible en s’installant dans le non savoir. Vivre le geste pictural, sentir la plante. Être, comprendre plutôt que représenter.
La vitalité émerge alors par la touche pulsive, le sens de la forme. La matière respire dans l’interpénétration des matériaux hétérogènes. Au hasard des rencontres, la couleur et la matière ordonnent le passage mystérieux du visible. Des multiples couches de ce chaos sensible émerge le trajet lisible et puissant de la sève.
Pour appréhender le désordre des Fougères j’utilise les fractales de Mandelbrot. La fractale est une forme complexe, qui se déploie à l’identique du tout petit au plus grand. Son arborescence passe avec aisance d’une échelle à l’autre, de la terminaison végétale à la feuille, de la branche à la plante sans autre transformation que le développement infini de l’arborescence.
Ce développement majestueux n’est-il pas la source d’une régénération infinie ?

Martine Salzmann