Archives mensuelles : février 2018

L’art forestier (Saint Laurent du Maroni- suite)

En complément de notre article sur les palétuviers et du Forest Art de Saint-Laurent du Maroni, l’amie qui nous l’a fait explorer, Laeticia Pagès, nous adresse les photographies des magnifique troncs – totems qui ornent l’entrée de la forêt des Malgaches. Certaines sculptures sont coiffées d’un chapeau de tôle qui les protège des intempéries et de l’humidité. Ce dispositif de faîtage rend hommage aux carbets (maisons de bois) couvertes de tôles de l’habitat amérindien et bushinengue. Arrivés en Guyane après les Indiens, les Bushinengue (« hommes de la forêt » ou « noirs marrons ») sont traditionnellement des charpentiers, des menuisiers, des sculpteurs. Fuyant depuis le  XVIIè siècle,  l’esclavage des plantations hollandaises, ils sont implantés au-delà du fleuve Maroni en territoire forestier français.

Contrastant avec le caractère hiératique des sculptures, hautes de plusieurs mètres, la signalétique  des promenades emprunte à la Bande Dessinée ses caractères ludiques.   

Neiges franciliennes

« Palmier chargé de neige » 2018, Montreuil

La neige est tombée sur Paris et l’Ile de France, donnant à tous les arbres l’occasion de se comparer « aux sapins en bonnets pointus » de Verlaine. Le lilas porte désormais des fleurs de coton et le palmier ressemble à un ananas de nacre, dont le toupet garde la couleur de l’été. Chacun se déguise en un carnaval blanc…

Théophile Gautier  (1811-1872) décrivait ainsi, au XIXème siècle, ce retour de la neige à Paris :

« Dans le bassin des Tuileries,

Le cygne s’est pris en nageant,

Et les arbres, comme aux féeries,

Sont en filigrane d’argent.

Les vases ont des fleurs de givre,

Sous la charmille aux blancs réseaux;

Et sur la neige on voit se suivre

Les pas étoilés des oiseaux. »

Puis en 1843, cette ode  à UNE JEUNE ITALIENNE

« Février grelottait blanc de givre et de neige ;

La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits ;

Et déjà tu disais : « Ô mon Dieu ! quand pourrai-je

Aller cueillir enfin la violette au bois ? »

Notre ciel est pleureur   et le printemps de France,

Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons ;

Paris est dans la boue au beau mois où Florence

Égrène ses trésors sous l’émail des gazons.

Vois ! les arbres noircis contournent leurs squelettes ;

Ton âme s’est trompée à sa douce chaleur :

Tes yeux bleus sont encor les seules violettes,

Et le printemps ne rit que sur ta joue en fleur ! »

La journaliste Dane Mc Dowell vient de publier en 2017  l’Herbier de Marcel Proust, orné des peintures imaginatives de l’illustratrice Djohr. Ces images répondent si bien au poème de Théophile Gautier que nous les citons en contrepoint de la nostalgie de l’Italienne Avec le fameux tableau de Brueghel  (1565)pour annonce, Les chasseurs en hiver, l’Ile de France se métamorphose en février…pour prélude à la renaissance du printemps.