Un article du Monde écrit par le journaliste Frédéric Joignot (édition du 2 août 2019) écrit ceci :
« Du 28 août au 1er septembre, la première Université d’été du chamanisme ouvrira ses portes à Cogolin (Var). Elle sera animée par « des scientifiques, des chercheurs, des anthropologues, des écrivains et des représentants de traditions celte, néo-zélandaise, maori, shintoïste, congolaise et mexicaine », nous dit-on au Cercle de sagesse de l’union des traditions ancestrales, qui a déjà orchestré du 25 au 28 avril à Genac (Charente) le douzième Festival du chamanisme. L’événement, alternant débats, évocations de la « Terre-Mère » et cérémonies coutumières, a accueilli « 180 chamans et femmes ou hommes médecines » venus des cinq continents, et attiré quelque 4 000 visiteurs.
Cet engouement pour le chamanisme, considéré par certains anthropologues comme la religion originelle de l’humanité, se manifeste en Europe, aux Etats-Unis ou au Canada depuis une quinzaine d’années. Rassemblements, conférences, cursus universitaires se succèdent, et des milliers d’Occidentaux se rendent régulièrement en Amazonie pour participer avec des chamans guérisseurs (curanderos, de l’espagnol curar, « soigner ») à des rituels de prise d’ayahuasca (du quechua aya, « défunt », « esprit », « âme », et huasca, « corde », « liane »), une boisson indigène médicinale hallucinogène à base de plantes macérées. D’après le médecin et historien équatorien Plutarco Naranjo, auteur de Mitos, tradiciones y plantas alucinantes (Université Simon Bolivar, 2012, non traduit), l’ayahuasca est utilisée depuis 2000 à 4000 ans par les Amérindiens, qui la surnomment « la liane de l’âme ». M. Naranjo reproche d’ailleurs à Claude Lévi-Strauss d’avoir sous-estimé l’importance des plantes psychoactives dans les civilisations précolombiennes. »
Ne pas oublier que le chamanisme est une médiation de soin à l’autre et de rééquilibre subtil du monde qui environne le chaman. La communauté et la relation qui le relie à la communauté reste le fondement de sa pratique de dialogue avec les plantes, le cosmos et les esprits.
Forêt nourricière, oui, mais dans sa diversité et ses aventures… les mystérieuses ramifications de la conscience augmentée et du vivant.
Cet article très documenté signale les dernières publications internationales liées au chamanisme, particulièrement les expériences liées à cette liane magique qui peut se révéler tragique pour des utilisateurs inexpérimentés.
Si les philosophies du chamanisme mettent en valeur le fait que la forêt est un espace de soin dans sa diversité spirituelle, la liane de l’ayahuasca n’est pas une condition nécessaire pour devenir chaman… Heureusement l’être humain peut puiser en lui et dans son attention au monde vivant des expériences qui le dispensent de drogues.
Photographies ( ombre rivière Guyane) et peintures « Foret des âmes » Sylvie Dallet.
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Oui : « l’être humain peut puiser en lui et dans son attention au monde vivant des expériences qui le dispensent de drogues », et pourquoi pas pour commencer dans la fiction ? Dans le cadre de mes propres recherches sur les fictions littéraires je travaille entre autres sur ce que j’appelle la « biodiversité prospective » et je m’interroge sur une possible évolution du statut de personnage considérant que l’écriture (et plus généralement le langage) peut créer des formes de vie.
Nous le constatons bien avec les mythes : la pensée est un biotope. Ne pourrions-nous commencer à envisager ce que nous gagnerions à considérer les personnages de fictions littéraires comme des entités vivantes ?