En complément de notre article sur les palétuviers et du Forest Art de Saint-Laurent du Maroni, l’amie qui nous l’a fait explorer, Laeticia Pagès, nous adresse les photographies des magnifique troncs – totems qui ornent l’entrée de la forêt des Malgaches. Certaines sculptures sont coiffées d’un chapeau de tôle qui les protège des intempéries et de l’humidité. Ce dispositif de faîtage rend hommage aux carbets (maisons de bois) couvertes de tôles de l’habitat amérindien et bushinengue. Arrivés en Guyane après les Indiens, les Bushinengue (« hommes de la forêt » ou « noirs marrons ») sont traditionnellement des charpentiers, des menuisiers, des sculpteurs. Fuyant depuis le XVIIè siècle, l’esclavage des plantations hollandaises, ils sont implantés au-delà du fleuve Maroni en territoire forestier français.
Contrastant avec le caractère hiératique des sculptures, hautes de plusieurs mètres, la signalétique des promenades emprunte à la Bande Dessinée ses caractères ludiques.
La neige est tombée sur Paris et l’Ile de France, donnant à tous les arbres l’occasion de se comparer « aux sapins en bonnets pointus » de Verlaine. Le lilas porte désormais des fleurs de coton et le palmier ressemble à un ananas de nacre, dont le toupet garde la couleur de l’été. Chacun se déguise en un carnaval blanc…
Théophile Gautier (1811-1872) décrivait ainsi, au XIXème siècle, ce retour de la neige à Paris :
« Dans le bassin des Tuileries,
Le cygne s’est pris en nageant,
Et les arbres, comme aux féeries,
Sont en filigrane d’argent.
Les vases ont des fleurs de givre,
Sous la charmille aux blancs réseaux;
Et sur la neige on voit se suivre
Les pas étoilés des oiseaux. »
Puis en 1843, cette ode à UNE JEUNE ITALIENNE
« Février grelottait blanc de givre et de neige ;
La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits ;
Et déjà tu disais : « Ô mon Dieu ! quand pourrai-je
Aller cueillir enfin la violette au bois ? »
Notre ciel est pleureur et le printemps de France,
Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons ;
Paris est dans la boue au beau mois où Florence
Égrène ses trésors sous l’émail des gazons.
Vois ! les arbres noircis contournent leurs squelettes ;
Ton âme s’est trompée à sa douce chaleur :
Tes yeux bleus sont encor les seules violettes,
Et le printemps ne rit que sur ta joue en fleur ! »
La journaliste Dane Mc Dowell vient de publier en 2017 l’Herbier de Marcel Proust, orné des peintures imaginatives de l’illustratrice Djohr. Ces images répondent si bien au poème de Théophile Gautier que nous les citons en contrepoint de la nostalgie de l’Italienne… Avec le fameux tableau de Brueghel (1565)pour annonce, Les chasseurs en hiver, l’Ile de France se métamorphose en février…pour prélude à la renaissance du printemps.
Nous ne résistons pas à republier un billet d’humour de Jean d’Ormesson, rédigé en 2016 et sans doute destiné à inspirer le prochain thème des Arts ForeZtiers…
« « Myope comme une Taupe», «rusé comme un Renard», «serrés comme des Sardines»…
Les termes empruntés au monde animal ne se retrouvent pas seulement dans les Fables de La Fontaine, ils sont partout.
La preuve: que vous soyez fier comme un Coq, fort comme un Boeuf, têtu comme un Âne, malin comme un Singe ou simplement un chaud Lapin, vous êtes tous, un jour ou l’autre, devenu Chèvre pour une Caille aux yeux de Biche.
Vous arrivez à votre premier rendez-vous fier comme un Paon et frais comme un Gardon et là, … pas un Chat! Vous faites le pied de Grue, vous demandant si cette Bécasse vous a réellement posé un Lapin.
Il y a Anguille sous roche et pourtant le Bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard, la tête de Linotte avec qui vous êtes copain comme Cochon, vous l’a certifié: cette Poule a du Chien, une vraie Panthère! C’est sûr, vous serez un Crapaud mort d’amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un Chien.
Vous êtes prêt à gueuler comme un Putois quand finalement la fine Mouche arrive. Bon, vous vous dites que dix minutes de retard, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un Canard. Sauf que la fameuse Souris, malgré son cou de Cygne et sa crinière de Lion est en fait aussi plate qu’une Limande, myope comme une Taupe, elle souffle comme un Phoque et rit comme une Baleine. Une vraie peau de Vache, quoi! Et vous, vous êtes fait comme un Rat.
Vous roulez des yeux de Merlan frit, vous êtes rouge comme une Ecrevisse, mais vous restez muet comme une Carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du Coq à l’Âne et finissez par noyer le Poisson. Vous avez le Cafard, l’envie vous prend de pleurer comme un Veau (ou de verser des larmes de Crocodile, c’est selon). Vous finissez par prendre le Taureau par les cornes et vous inventer une fièvre de Cheval qui vous permet de filer comme un Lièvre.
Ce n’est pas que vous êtes une Poule mouillée, vous ne voulez pas être le Dindon de la farce. Vous avez beau être doux comme un Agneau sous vos airs d’Ours mal léché, il ne faut pas vous prendre pour un Pigeon car vous pourriez devenir le Loup dans la bergerie.
Et puis, ça aurait servi à quoi de se regarder comme des Chiens de faïence. Après tout, revenons à nos Moutons: vous avez maintenant une faim de Loup, l’envie de dormir comme un Loir et surtout vous avez d’autres Chats à fouetter.
Mais nous avons attendu cette veille de 2018, pour préparer notre sixième édition. Le Festival des Arts ForeZtiers, blotti dans le village symbolique de Chavaniac, lieu de naissance du général Lafayette, humaniste, physiocrate et héros de trois révolutions libertaires (une américaine et deux françaises) programme depuis sa création, des artistes internationaux inspirés, issus de l’Espagne, de l’Italie, de la Lettonie, de l’Australie, de la Chine, de Taiwan, d’Haïti, de Belgique, du Maroc… Nous continuons à correspondre, dans la communauté de nos expressions joyeusement différentes.
Depuis la création du site des Arts ForeZtiers, des yeux attentifs visionnent les images et les textes proposés par l’équipe des Arts ForeZtiers, avec une grande régularité de consultation. Nous sommes très heureux de cette familiarité internationale qui s’est installée au fil des années. Vous n’êtes pas tous des robots venus nous vendre des produits industriels !
Nous sommes, nous aussi, curieux de vous connaître, de vous entendre, de vous lire, peut être de comprendre votre amour pour les forêts… Nous espérons que notre thème de 2018,Bestiaire enchanté, saura vous inspirer des expressions et réponds poétiques, comme les petites lumières obstinées des lucioles.
Cette farandole de lecteurs inconnus, venus du monde entier, est porteuse d’un imaginaire secret, coloré d’images, de sons et de récits :
N’hésitez pas à nous parler, nous soutenir, échanger des idées, des récits et nous parler d’œuvres qui vous tiennent à cœur… l’art, l’humour et la vie collaborent à des rencontres indispensables à la création. Le Festival est une oeuvre vivante qui évolue à chaque session, semblable au lézard dont il a pris l’emblème.
Le Festival des Arts ForeZtiers, naguère produit par l’Institut Charles Cros http://www.institut-charles-cros.eu/, s’est défini depuis octobre 2017 en association loi 1901, avec des partenariats autonomes. L’Institut Charles Cros lui reste lié comme membre fondateur, mécène et partenaire de recherche.
Naguère le poète Charles Cros (1842-1888) écrivit une charmante ÉCOLE BUISSONNIÈRE, toute inspirée par les saisons. Sa chanson des buissons, légère et grave comme la vie du poète, laisse transpercer, en son langage des fleurs, la mélancolie des insoumis.
Ma pensée est une églantine Éclose trop tôt en avril, Moqueuse au moucheron subtil Ma pensée est une églantine ; Si parfois tremble son pistil Sa corolle s’ouvre mutine. Ma pensée est une églantine Éclose trop tôt en avril.
Ma pensée est comme un chardon Piquant sous les fleurs violettes, Un peu rude au doux abandon Ma pensée est comme un chardon ; Tu viens le visiter, bourdon ? Ma fleur plaît à beaucoup de bêtes. Ma pensée est comme un chardon Piquant sous les fleurs violettes.
Ma pensée est une insensée Qui s’égare dans les roseaux Aux chants des eaux et des oiseaux, Ma pensée est une insensée. Les roseaux font de verts réseaux, Lotus sans tige sur les eaux Ma pensée est une insensée Qui s’égare dans les roseaux.
Ma penséeest l’âcre poison
Qu’on boit à la dernière fête
Couleur, parfum et trahison, Ma pensée est l’âcre poison, Fleur frêle, pourprée et coquette Qu’on trouve à l’arrière-saison Ma pensée est l’âcre poison Qu’on boit à la dernière fête.
Ma pensée est un perce-neige Qui pousse et rit malgré le froid Sans souci d’heure ni d’endroit Ma pensée est un perce-neige. Si son terrain est bien étroit La feuille morte le protège, Ma pensée est un perce-neige Qui pousse et rit malgré le froid.
Oeuvres : Sophie Thibaudat-Babouin et Danielle Boisselier (festival des Arts ForeZtiers 2016).
Après un séjour au Moulin Richard de bas du pays des « feuilles blanches » d’Ambert dans le Puy de Dôme, quatre artistes ForeZtiers (Cécile Auréjac, Sylvie Dallet, Eddy Saint-Martin, Franck Watel) participent d’une résidence de création collective au château de Saint-Ilpize du 7 au 13 août.
Cette résidence de création, proposée par Diane Cazelles sur un site historique de Haute-Loire, rassemble dix créateurs internationaux composites et inspirés, peintres, photographes, musiciens, vidéastes, performers (Désiré Amani, Cécile Auréjac, Diane Cazelles, Sylvie Dallet, Pascal Miollis, Jules Niamien, Gaëlle Redon, Eddy Saint Martin, Franck Watel…) sur le thème de la Bête du Gévaudan.
Cette bête mythique, loup gigantesque, chien de guerre ou hyène dressée par un sadique, aurait ravagé l’Auvergne durant plusieurs années du XVIIe siècle, de 1764 à 1767, semant la terreur dans les campagnes, du Gévaudan à Langeac. Sortie de la forêt, la Bête comme on la nommait avec crainte, n’a depuis trois siècles, jamais livré son mystère, inspirant aux historiens comme aux romanciers de multiples ouvrages, alimentant les plus folles rumeurs.
Quels sont les enjeux de cette une installation nouvelle, cette interprétation créative destinée à rencontrer le public le 13 août 2017 en la chapelle de ST-Ilpize ?
Quelques notes jetées sans ordre apparent peuvent donner l’image la plus exacte des événements.
Partons de ces traces singulières : Saint Ilpizeest un village médiéval historiquement juché sur un piton rocheux qui surplombe l’Allier. Son nom vient de l’ermite Ilpide qui séjournait au IVe siècle dans les gorges de l’Allier, la rivière à saumons. Selon la légende chrétienne, le vieil Ilpize/Ilpide aurait préservé et porté la tête de Julien, un soldat romain martyrisé pour sa foi à Brioude. La mythologie française relève que les récits de têtes portées révèlent en creux, le passage de l’eau et la transmission des savoirs. Sources vives et sources d’Histoire…
Diane Cazelles, plasticienne, journaliste et scénariste d’intérieur, initiatrice et productrice de cette 4ème résidence de créationà ST Ilpize, réunit une dizaine de créateurs afin de questionner l’histoire fantasmée de la Bête. Son contact est : diane.cazelles@gmail.com.
Le collectif des artistes va présenter le 13 août en la chapelle castrale de Saint Ilpize, le fruit de de leur travail en commun, un travail qui sera, lors du mois de septembre (uniquement en week- end) présenté dans la Chapelle de la Visitation de Brioude.
Qui est la Bête aujourd’hui ? Est ce l’Autre qui nous fait peur ? Est ce la bête en nous qui nous fait craindre de l’autre les pires méfaits ? Comment se déguise t’elle aujourd’hui ? A la fin de l’époque moderne, la Bête a violenté des enfants comme naguère, à la fin de l’Antiquité, les Romains ont décapité les croyants Julien et Privat. Une moderne mise en scène de l’Histoire pour signifier une persécution d’innocents et préparer des changements politiques par la terreur ? L’ancienne notion de la « bête immonde » surgit déjà dans l’Ancien testament, comme une incarnation du Mal.
La Bête tuée d’une balle d’argent en 1767, avait reculé, aux abords des pacages forestiers, devant la résistance des enfants bergers qui, réunis en collectif, avaient réussi à tenir sa férocité à distance. Comme des enfants, les artistes regardent le monde avec le front têtu de leurs rêves. Ils voient l’indicible et le traduisent en images et en sons.
Au XXe siècle, le romancier auvergnat Henri Pourrat ( Histoire fidèle de la Bête du Gévaudan, 1946, illustré bois gravés de Philippe Kaeppelin) et d’autres historiens romanciers ont tenté de percer ce mystère jusqu’à ce Pacte des loups (2001), dont le cinéaste Christophe Ganz a développé la mythologie pour la plus grande curiosité de quelque 6 millions de spectateurs… Laissons l’imagination vagabonder avec le sage Ilpize vers la source des croyances anciennes et apprivoisons la bête pour mieux soigner nos peurs contemporaines…
Du 3 juillet au 6 août, huitartistes Foreztiers exposent des oeuvres nouvelles sur papier à Ambert, MOULIN RICHARD de BAS, salle des mésanges :
Rosine Astorgue (SCULPTURES Pâte à papier),Cécile Auréjac (ESTAMPES), Véro Béné(PEINTURES MIXTES : Bouquets de lézards, Colibris), Sylvie Dallet ( PEINTURES Récits), Eddy Saint-Martin(PEINTURES MIXTES), Félix Monsonis( YOUPLALAS animés), Élisabeth Toupet(TISSAGES papier), Franck Watel(DESSINS et pâte à papier)…
Félix Monsonis explique ainsi ses figurines :
« Un Youplala est un triboulet. Triboulet vient du verbe tribouler, ou tribouiller, s’occuper à manier, remuer, agiter (éventuellement agiter dans ses méninges). C’est un jouet ancien composé d’une figurine articulée, peinte à la gouache sur papier du Moulin Richard-Debas et montée sur un perchoir en coudrier. Son montage simple lui permet de faire des acrobaties.
Le Youplala n’est pas une oeuvre d’art au sens d’Andy Warhol. C’est plutôt un objet d’art modeste au sens du MIAM2. Il ne faut pas confondre le Youplala avec le youpala qui est un siège-bébé obsolète…. »
Cette peinture mixte (acrylique, encre) a été réalisée par Sylvie Dallet sur papier à inclusion de Fougères du Moulin Richard de bas et sera exposée lors de l’événement « Les Arts ForeZtiers au Moulin Richard de bas ».
Cette peinture a été réalisée après le voyage de Véro Béné dans les forêts de Guyane.
À Paris, au 91 rue des Haies (75020) , l’association Lafayette Accueil fait le lien sur 600 m² de jardin en terrasses entre des riverains et des personnes dans le cadre d’un parcours d’insertion. Ce jardin, situé sur le toit du gymnase de la rue des Vignoles, a été inauguré au printemps 2009 en gestion partagée avec l’association Les jardins du béton, qui ouvre le jardin au public toutes les fins de semaine. Des allées permettent de circuler entre les plantations, une terrasse est en cours d’aménagement, aux deux extrémités du jardin deux haies d’hélianthes forment un écran de verdure. On accède au jardin sur le toit par un escalier extérieur, mais un ascenseur a été aussi prévu pour les personnes à mobilité réduite. « Ce jardin sur le toit » offre une vue insolite et sans égale sur les toitures de ce quartier du 20e arrondissement.
Le but des « jardins béton » est de créer des conditions favorisant le bien-être et l’autonomie d’un public majoritairement mis à l’écart des échanges économiques et sociaux. Ils sont aussi destinés à cultiver des projets de vie visant à une meilleure insertion sociale et/ou professionnelle et d’éduquer à l’environnement en s’appuyant sur l’universalité des activités liées au domaine du vivant. À Chavaniac-Lafayette, en ce début de juin, le Conservatoire botanique du Massif Centralouvre ses jardins aux curieux adultes et enfants. Des visites guidées de la flore sont organisées à plusieurs moments de ce mois.
Le parc du Château, qui a subi une terrible tempête se régénère peu à peu, tandis que certains de ses grands arbres, aux prises avec la tornade de mai, se sont abattus, enchevêtrés.
Aux alentours, les prés sont fauchés sur les chemins qui montent du volcan du Bracou vers les Sausses. Tout verdoie désormais en ce printemps 2017 qui a traversé une saison de froidure insolite qui a fait geler les épis de blé. Faut-il comme naguère à l’initiative du Marquis, donner les semences aux plus pauvres ?
En juillet 2016, le Festival des Arts ForeZtiers recevait la famille du pépiniériste et expérimentateur musical Jean Thoby. Ils venaient de Gaujac dans les Landes, pour nous expliquer et nous faire entendre la musique des plantes. La journée qui a mêlé les plantes chanteuses aux Arts Foreztiers nous a enchantés, tant par le concert de plein air que par la conférence de la salle des fêtes.
Jean Thoby, expérimentateur musinièriste, continue ses expériences et nous adresse l’annonce d’un exceptionnel concert de plantes au Parc floral de Vincennes le 27 mai 2017, avec ce texte :
« La musique des plantes est une façon d’associer l’art à la science. En effet, elle permet de donner un nouveau visage à l’électrophysiologie des plantes – un domaine étudié depuis la fin du 18è siècle (par Bertholon, 1783, qui introduisit l’idée « d’électroculture »), mais resté longtemps en veilleuse. C’est comme si la plante recevait un nouveau mode d’expression vers l’extérieur, et qui lui serait propre. De façon plus générale, les chercheurs parlent, au sujet de ces signaux électriques, comme d’un « mécanisme de communication en temps réel entre le physiologiste et la plante, servant à la détection précoce d’un stress subi par celle-ci » (Luis A. Gurovich, Universidad Católica de Chile, 2012).
Et ce qu’elle exprime – une fois mis en musique – suscite une troublante émotion chez celui qui l’écoute. Est-ce parce que la plante pulse non-seulement en fonction de ce qui arrive dans son milieu de vie immédiat, mais aussi en fonction des grands cycles astronomiques qui conditionnent tout être vivant, l’humain y compris ? Les travaux de Peter Barlow (2012) – publiés sous le titre Moon and Cosmos : Plant Growth and Plant Bioelectricity dans l’ouvrage « Plant Electrophysiology » (P.Volkov 2012) – permettent de le croire. »
E. Zürcher, Prof.em., Dr. sciences naturelles, Ingénieur forestier EPFZ
Vous pouvez consulter le programme du 27 mai sur ce lien :
Au Moyen Âge, la forêt témoigne du combat symbolique entre ceux qui la défrichent le jour et les animaux sauvages qui l’occupent la nuit. Tandis que les lisières sont parcourues d’animaux domestiques, chèvres et vaches, mais aussi de femmes et d’enfants qui vont y chercher des fagots pour se chauffer, la forêt profonde, silva oscura (la forêt obscure)réveille pour la nuit, les peurs de chacun. Peurs de mauvaises rencontres, des brigands, des bêtes sauvages mais aussi des loups garous, ces êtres mi-hommes mi-bêtes qui peuvent accéder aux deux mondes, ceux du rêve et ceux du quotidien, dans une réalité fantasmagorique qui se dédouble, un espace en double-fond qui, dans le mémorial des arbres de la nuit, sollicite des présences d’une inquiétante étrangeté.
L’homme peut, dans le « désert-forêt de l’Occident médiéval » (selon la belle formule de l’historien Jacques le Goff) se métamorphoser à la nuit tombée en garulf (loup garou) de même que , dans le secret de son bain, la femme peut se transformer en vouivre, un serpent ailé qui se rapproche de l’ange et du dragon. La forêt, « force de l’ailleurs, de l’autre et de l’autrefois« , est le lieu utérin ou tout peut basculer, transformant l’homme au travail en un loup , devenu le modèle de l’animal social de la nuit. Terre d’asile pour les proscrits telle l’Histoire de Geneviève de Brabant nourrie par une biche, la forêt est aussi une forêt de la peur que le récits de Guillaume de Palerme et le Lai de Mélion mettent en scène.
Références du récit : Loren Gonzalez « La forêt de garulf dans la tradition narrative auMoyen âge : théâtre et matrice de l’hybridation fantastique. »
Références du tableau : Sylvie Dallet « La Nuit se fait des cheveux », (encres et acrylique, papier Moulin Richard de bas, 2017).